retraites
Le chef des sénateurs PS Patrick Kanner à Matignon à Paris le 27 novembre 2024 ( AFP / Thomas SAMSON )
A l’approche de la déclaration de politique de générale de François Bayrou mardi, les tractations se sont intensifiées sur les retraites et le budget, le ministre de l’Économie Éric Lombard jugeant possible “d’avancer”, alors que les socialistes demandant une suspension de l’application de la mesure des 64 ans, le temps de sa renégociation.
En fin de journée, Éric Lombard a estimé devant la presse, à l’issue d’une semaine-marathon entre Bercy et les partis politiques représentés au Parlement, que l’esprit qui a animé le dialogue “permettra d’avancer”.
Dans le même temps, un écologiste a dit à l’AFP sentir les négociations “s’enliser”.
Depuis plusieurs jours, déclenchant la fureur de Jean-Luc Mélenchon qui a dénoncé “leur servilité”, socialistes, Écologistes et communistes discutent avec le gouvernement, principalement Bercy.
Avec l’objectif de trouver “un chemin” qui leur permettrait de ne pas voter la motion de censure que les Insoumis ont l’intention de déposer après la déclaration de politique générale.
Le chef des sénateurs socialistes Patrick Kanner a évoqué sur franceinfo, à défaut d’une abrogation de la réforme des retraites entrée en vigueur en septembre 2023, une suspension de l’application du report progressif de l’âge de départ de 62 à 64 ans, pendant 6 mois, le temps d’une renégociation avec les partenaires sociaux.
“Cette négociation de six mois pourrait commencer très vite et, pendant ce temps là, nous demandons une suspension ou l’équivalent d’une suspension”, a dit M. Kanner.
Il a ensuite précisé à l’AFP que cette durée de six mois résultait d’une réflexion personnelle, qui n’engageait pas le Parti socialiste.
“Si nous sommes entendus (…), il n’y aura pas de censure portée par les socialistes”, a assuré le sénateur. Les discussions porteraient notamment sur les “64 ans”, “j’ai senti quelques bougés au niveau du gouvernement”.
Au final, “l’arbitrage va revenir à François Bayrou”, mais une des pistes envisagées est bien de faire “une pause” sur la réforme pour réenclencher des négociations, a confirmé à l’AFP un cadre de la majorité.
Ces discussions poussées avec le gouvernement mettent en fureur La France insoumise, qui accuse désormais le PS de vouloir abandonner la retraite par répartition pour un système de retraite par points, cher à Emmanuel Macron, ce qu’a démenti le secrétaire général Pierre Jouvet, dénonçant une “fake news”.
– discussion “jusqu’à lundi soir” –
Une “synthèse” des échanges entre le gouvernement et les formations politiques sera transmise samedi au Premier ministre, a fait savoir Éric Lombard, saluant “l’esprit de responsabilité et de transparence qui a animé toute cette semaine”.
La ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin, qui l’accompagnait, s’est dite “très rassurée”: “il y a dans notre pays des responsables politiques qui (…) partagent le sentiment (…) qu’il nous faut un budget rapidement”.
La ministre du Travail Catherine Vautrin à l’Elysée à Paris le 8 janvier 2025 ( AFP / Ludovic MARIN )
Les locataires de Bercy seront reçus samedi soir par François Bayrou, avec la ministre du Travail et de la Santé Catherine Vautrin, selon une source au sein de l’exécutif.
Le débat porte avant tout sur le coût d’une remise en cause de la réforme alors que le gouvernement souhaite un effort budgétaire d’environ 50 milliards d’euros cette année.
Selon la Caisse nationale d’assurance vieillesse, abroger le recul de l’âge de la retraite coûterait 3,4 milliards d’euros en 2025 et près de 16 milliards en 2032. Le PS propose de mettre à contribution le Fonds de réserve des retraites créé à la fin des années 1990, à hauteur de 2 à 3 milliards d’euros cette année.
Le gouvernement ne doit pas non plus s’aliéner le soutien des macronistes qui ont défendu la réforme en dépit des manifestations massives des opposants.
À côté des retraites, les socialistes ont mis d’autres questions sur la table, comme les suppressions de postes dans l’Éducation nationale ou la justice fiscale.
Selon le journal L’Opinion, Amélie de Montchalin a évoqué devant eux la piste d’une taxation du patrimoine des plus riches.
A la presse vendredi soir, la ministre a simplement fait part de la “conviction” du gouvernement qu’il ne fallait pas “réduire le déficit en augmentant les impôts pour les classes moyennes”.
Outre l’abandon de la réforme des retraites, les Écologistes réclament, eux, de “remettre 7 milliards a minima sur l’environnement”, a expliqué Marine Tondelier à l’AFP.
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