lait dânesse
La fermière Fatiko Basha caresse l’une de ses ânesses dans sa ferme près de Gjirokaster, le 28 novembre 2024 en Albanie ( AFP / Adnan Beci )
“Le lait d’ânesse a le goût de l’amour”, lance Fatiko Basha en caressant doucement Liza son ânesse préférée avant de récupérer son lait.
Avec, cette fermière de la région albanaise de Gjirokaster fera du petit lait, du lait caillé… ou le fromage le plus cher au monde.
Depuis des millénaires le lait d’ânesse est paré de toutes les vertus.
La légende dit ainsi que Cléopâtre s’immergeait dans des bains qui lui garantissait beauté et jeunesse.
Au delà des considérations esthétiques de la reine d’Égypte rendues légendaires par Goscinny, ce lait “guérit les enfants, est un remède naturel pour les voies respiratoires, les allergies et le système immunitaire”, affirme Fatiko.
Joie, son premier ânon, regarde jalousement Fatiko nettoyer les mamelles de sa mère.
Car pour produire du lait, les ânesses doivent être en période de lactation – la traite ne se fait qu’à partir du troisième mois de l’ânon.
Le lait d’ânesse a connu un regain de célébrité pendant la pandémie de Covid.
Fatiko et son époux ont alors décidé de prendre dans leur ferme une petite poignée d’ânes et d’ânesses, loin de s’imaginer que bien vite ils vendraient leur lait en Albanie, en Macédoine du Nord, au Monténégro et en Grèce.
La fermière Fatiko Basha filtre du lait fraîchement trait dans son élevage d’ânes de Reiz, près de Gjirokaster, le 28 novembre 2024 en Albanie ( AFP / Adnan Beci )
Fin 2024, ils ont une trentaine d’ânesses et quatre ânes mais dès janvier le couple veut agrandir son troupeau, qui peut profiter des pâturages naturels au pied des montagnes de Gjirokaster, riches d’une très grande biodiversité.
A travers toute cette région du sud de l’Albanie, c’est désormais une quinzaine de fermes qui ont cédé à la douceur des ânesses.
– Or blanc –
Car s’il est, selon les producteurs, exceptionnel, le lait d’ânesse est aussi rare. Par journée de traite, on peut espérer récolter un demi litre de lait par animal. Conséquence : il se vend cher, de 50 à 60 euros le kilo.
Le fermier Veiz Basha trait une ânesse pour récupérer son lait dans sa ferme de Reiz, près de Gjirokaster, le 28 novembre 2024 en Albanie ( AFP / Adnan Beci )
“Le lait d’ânesse, c’est de l’or blanc” – dur à récolter, mais chaque goutte fait le bonheur, explique M. Basha.
Depuis déjà un an, lui et sa famille se sont lancée dans la production de fromage maison délicieux, frais et crémeux, mais aussi de lait caillé et de petit lait. Et la demande explose.
Au point qu’ils achètent le lait des fermiers des environs.
La productrice Xhiko Basha fabrique du fromage au lait d’ânesse à Lazarat, près de Gjirokaster, le 28 novembre 2024 en Albanie ( AFP / Adnan Beci )
“Le fromage d’ânesse est très recherché, difficile à préparer, il cache le goût délicieux du secret”, explique Xhiko Basha, productrice, en préparant chez elle, à Lazarat, le précieux fromage pour un restaurant du coin.
Et le prix qui va avec : pour produire un kilo de fromage, il faut au moins 25 litres de lait d’ânesse, soit plus de 1.000 euros de matière première.
Vendu à plus de 1.500 euros le kilo, il a la réputation d’être le fromage le plus cher du monde.
Un chef prépare un plat avec du fromage de lait d’ânesse, au restaurant Oxhaket à Tirana, le 4 décembre 2024 en Albanie ( AFP / Adnan Beci )
“Les Français disent qu’un repas sans fromage est une belle à qui il manque un œil, mais la cerise sur le gâteau est vraiment le fromage d’ânesse”, dit Jaço Meci, un vétérinaire et producteur de fromages, au menu de restaurant huppés de Tirana.
Les clients le préfèrent frais, 48 heures pas plus après qu’il soit préparé. “Cher mais très savoureux, il fait la joie d’un repas avec du bon vin”, explique Elio Troqe, le maitre d’hôtel du restaurant “Oxhakët” dans la capitale.
– Beauté –
Dans son petit atelier, Fabjola Meci, une jeune pharmacienne, ne fermente pas le lait pour en faire du fromage, mais propose plutôt une gamme de cosmétiques au lait d’ânesse qui a elle aussi gagné en popularité ces dernières années.
La pharmacienne Abjola Meci mélange des ingrédients naturels avec du lait d’ânesse pour réaliser une crème pour le visage au laboratoire de LEVA Cosmetics, à Gjirokaster, le 28 novembre 2024 en Albanie ( AFP / Adnan Beci )
“Le lait d’ânesse est un vrai secret de beauté”, dit celle qui a fondé sa marque, Leva Natural, en se dépêchant de finir une dernière commande de crème de jour ultra-douce. En ces jours où s’approchent les fêtes de fin d’année, elle vante ses produits à “l’odeur de l’amour”.
Son vœu est de pouvoir bientôt exporter ses produits à base de lait d’ânesse, qu’ils soient connus du monde entier.
“La crème visage au lait d’ânesse est un bonheur ,elle magnifie la beauté, elle pénètre rapidement la peau et sa douceur, son léger parfum donnent une sensation de confort et de fraîcheur,une fois utilisée, difficile de l’abandonner”, affirme-t-elle.
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