chute de Bachar al-Assad
Une mission international a déterminé que des armes chmiques avaient été utilisées au moins 20 fois en Syrie au cours de la guerre civile.
Un enquêteur de l’ONU collecte des échantillon dans la Ghouta, à Damas, en Syrie, le 29 août 2013. ( AMMAR AL-ARBINI / AMMAR AL-ARBINI )
Depuis 2013, l’arsenal chimique du régime syrien est scruté par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC). Mais ce dernier s’est heurté à des retards, des obstructions et des soupçons selon lesquels Damas ne donne pas une image complète de la situation.
Voici quelques questions clés à la suite du renversement du président Bachar al-Assad par des rebelles islamistes , qui suscite une incertitude quant à savoir qui contrôle désormais l’arsenal présumé.
Israël a annoncé avoir mené des frappes pour détruire des “armes chimiques” en Syrie, afin d’éviter que celles-ci ne tombent “aux mains d’extrémistes”.
• Quelle est la situation actuelle ?
Le directeur général de l’OIAC a exprimé le 25 novembre sa “grave préoccupation” concernant le stock potentiel de la Syrie. Fernando Arias a déclaré qu’il pourrait rester “de grandes quantités d’agents de guerre chimique et de munitions chimiques potentiellement non déclarés ou non vérifiés” dans ce pays.
Depuis 2014, l’OIAC a signalé 26 sujets non résolus en ce qui concerne le stock d’armes chimiques en Syrie, dont seulement sept ont été résolus, a-t-il indiqué. “Malgré plus d’une décennie de travail intensif, le dossier des armes chimiques de la République arabe syrienne ne peut toujours pas être clos”, a-t-il déclaré lors d’une réunion annuelle de l’OIAC.
Lundi, l’OIAC a déclaré dans un communiqué avoir contacté les autorités syriennes pour souligner “l’importance primordiale” de sécuriser les armes chimiques.
• Qu’a déclaré la Syrie ?
Sous la menace de frappes américaines en septembre 2013, la Russie de Vladimir Poutine a affirmé avoir convenu avec la Syrie qu’elle accepte de rejoindre l’OIAC et de déclarer et de remettre son stock d’armes chimiques.
Une attaque chimique qui avait franchi la “ligne rouge” fixée par le président américain de l’époque, Barack Obama, menaçait de déclencher des frappes américaines. L’attaque sur la Ghouta orientale, qui avait fait plus de 1.000 morts selon le renseignement américain, a été imputée au pouvoir syrien -qui a démenti et accusé les rebelles.
En janvier 2016, l’OIAC a annoncé le retrait et la destruction complets de 1.300 tonnes d’armes chimiques de Syrie déclarées par les autorités. Mais dès le début, l’OIAC a soupçonné que la déclaration initiale de la Syrie en 2013 était pleines de “lacunes et d’incohérences”. “Il est assez clair que la déclaration n’a jamais été complète et qu’ils ont toujours des armes chimiques stockées quelque part”, observe auprès de l’ AFP Lennie Phillips, chercheur à l’institut Royal United Services Institute, basé à Londres.
• Pourquoi l’OIAC a-t-elle suspendu la Syrie ?
En 2021, les membres de l’OIAC ont suspendu les droits de vote de la Syrie après une enquête accusant Damas d’avoir utilisé des armes chimiques. L’OIAC a établi que l’armée de l’air syrienne a utilisé l’agent neurotoxique sarin et le gaz chloré lors de trois attaques à Latamné en 2017.
La pression s’est encore accrue lorsqu’une deuxième enquête de l’OIAC a établi qu’un hélicoptère syrien avait largué une bombe au chlore sur la ville rebelle de Saraqeb en 2018.
Damas n’a ensuite pas respecté le délai de 90 jours pour déclarer les armes utilisées dans les attaques, révéler son stock restant et se conformer aux inspections de l’OIAC.
• Quelles preuves ?
En 2014, l’OIAC a mis en place une mission pour enquêter sur l’utilisation d’armes chimiques en Syrie. Cette équipe a publié 21 rapports couvrant 74 cas présumés d’utilisation d’armes chimiques, selon l’OIAC. Les enquêteurs ont conclu que des armes chimiques avaient été utilisées ou probablement utilisées dans 20 cas.
Dans 14 de ces cas, le produit chimique utilisé était le chlore. Le sarin a été utilisé dans trois cas et le gaz moutarde a été employé dans les trois autres.
À l’aide d’analyses médico-légales, d’entretiens avec des témoins et de tests médicaux sur les victimes, l’OIAC a conclu que l’armée syrienne était également responsable d’une attaque au chlore dans la ville rebelle de Douma en 2018 qui a tué 43 personnes.
L’OIAC a également établi que l’État islamique en Irak et au Levant avait mené une attaque aux armes chimiques en septembre 2015 dans la ville syrienne de Marea.
• Et maintenant ?
Washington a affirmé que les États-Unis faisaient tout ce qu’ils pouvaient “pour s’assurer prudemment” que ces armes ne tombent dans les mains de personne.
Le chef de la diplomatie israélienne a confirmé lundi que son pays avait mené des frappes ces jours-ci pour détruire des “armes chimiques” en Syrie , afin d’éviter que celles-ci ne tombent aux mains des rebelles islamistes radicaux ayant renversé Bachar al-Assad dimanche.
Le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham(HTS) qui a renversé Assad a déclaré qu’il n’avait aucune intention d’utiliser le stock d’armes chimiques. “Je pense qu’ ils souhaiteraient une sorte d’aide extérieure pour les aider à retirer ces armes chimiques ou à les détruire”, note Lennie Phillips.