fusions acquisitions France 2024
( AFP / ERIC PIERMONT )
Le marché des fusions et acquisitions est resté en demi-teinte en France en 2024, ralenti notamment par un deuxième trimestre marqué par les incertitudes politiques et fiscales.
Assouplissement des politiques monétaires des banques centrales, bonne santé des marchés boursiers, perspective d’un atterrissage économique en douceur aux États-Unis: les signaux à l’échelle mondiale étaient pourtant au vert, à même de doper l’optimisme dont les négociateurs ont besoin pour terminer l’année en force, assure le spécialiste des données financières Dealogic.
Mais le tableau est plus mitigé en France.
Pour Céline Méchain, coresponsable du bureau parisien de Goldman Sachs, “on reste sur un marché du M&A (sigle de fusions et acquisitions en anglais) qui est convalescent, il y a eu quelques grosses opérations mais on n’est pas du tout dans les volumes qu’on a pu voir au pic en 2020 et en 2021”.
L’année 2021 avait pulvérisé tous les records, dans la lignée du rebond économique initié à l’été 2020, après les confinements liés à l’épidémie de coronavirus.
Après un “coup d’arrêt sur tous les fronts” en 2023, l’année 2024 a salué le retour de quelques opérations menées par les entreprises, constate le codirecteur de la banque d’investissement en France de Bank of America, Jérôme Morisseau.
“Par contre, sur les fonds, c’était encore calme”, mais “on sent que ça repart. De toute façon, ils n’ont pas la possibilité d’attendre (…) car il y a un nombre record en Europe d’actifs détenus par des fonds”, depuis “5 ans, 6 ans, 7 ans, 8 ans, etc.”
– incertitudes –
“L’incertitude sur l’environnement fiscal est un problème pour les entreprises étrangères qui souhaitent investir en France”, explique à l’AFP un membre d’un grand cabinet d’avocats d’affaires de la place de Paris.
“Beaucoup attendent de voir si ça se calme, mais pour celles qui ont un plan B dans un autre pays, ils vont choisir le plan B”, ajoute-t-il.
Si les Français continuent de se projeter à l’étranger, à l’inverse l’intérêt des étrangers pour la France a pris un coup de froid à l’annonce le 9 juin de la dissolution par Emmanuel Macron, ouvrant une période d’instabilité loin d’être terminée.
Des investisseurs étrangers ont dit dès le lendemain à un banquier d’affaires parisien “de rappeler quand il y aura une bonne raison de venir” en France, a confié ce banquier à l’AFP.
“Les fusions et acquisitions des grandes capitalisations françaises sont portées par l’expansion internationale. La tendance devrait se poursuivre dans un environnement local français plus difficile”, selon une étude de Bank of America.
En 2024, les achats d’entreprises françaises par des sociétés étrangères ont baissé de 22% en valeur sur un an, à 39 milliards de dollars, et de 15% en volume, selon les chiffres arrêté à début novembre repris par Bain & Company.
La valeur des transactions réalisées par des entreprises françaises à l’étranger a diminué de 12%, à 45 milliards de dollars, selon la même source.
Ce sont les transactions intérieures qui ont “stimulé l’activité de fusions et acquisitions, représentant la moitié des 20 principales transactions”, ajoute l’étude, par exemple l’achat par BNP Paribas de la branche de gestion d’actifs d’Axa pour 5,4 milliards d’euros annoncé en août.
Le secteur des services financiers a eu le vent en poupe cette année, à l’inverse de la santé par exemple.
Au terme d’une année en demi-teinte, certains experts restent cependant optimistes
“Nous nous attendons à ce qu’il y ait énormément d’activité sur 2025, notamment au deuxième semestre” le temps que “la poussière retombe un petit peu”, par exemple aux Etats-Unis après “l’instabilité, les incertitudes, etc.”, conclut M. Morisseau.