Procès de l’assassinat de Samuel Paty: jusqu’à 16 ans de réclusion

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Croquis d'audience du 4 novembre 2024 montrant ((g-d)) les accusés Abdelhakim Sefrioui, Louqmane Ingar, Azim Epsirkhanov, Priscilla Mangel, Yusuf Cinar, Brahim Chnina, Nabil Boudaoud et Ismael Gamaev à la cour d'assises spéciale de Paris ( AFP / Benoit PEYRUCQ )

Croquis d’audience du 4 novembre 2024 montrant ((g-d)) les accusés Abdelhakim Sefrioui, Louqmane Ingar, Azim Epsirkhanov, Priscilla Mangel, Yusuf Cinar, Brahim Chnina, Nabil Boudaoud et Ismael Gamaev à la cour d’assises spéciale de Paris ( AFP / Benoit PEYRUCQ )

Les deux amis de l’assassin du professeur Samuel Paty, Naïm Boudaoud et Azim Epsirkhanov, ont été reconnus coupables de complicité d’assassinat et condamnés vendredi à 16 ans de réclusion criminelle par la cour d’assises spéciale de Paris.

Le verdict a été accueilli par des cris et des pleurs de la part de la famille de Naïm Boudaoud, âgé de 22 ans.

La cour a également déclaré coupables d’association de malfaiteurs terroriste les deux auteurs de la “campagne de haine” qui ont fait de Samuel Paty une “cible”. Brahim Chnina, 52 ans et le prédicateur islamiste Abdelhakim Sefrioui, 65 ans, ont écopé respectivement de 13 et 15 ans de réclusion criminelle.

“J’ai compris que vous avez fait de la politique”, s’est exclamé depuis son box M. Sefrioui avant d’être sèchement interrompu par le président, tandis que la famille de Brahim Chnina, très nombreuse sur les bancs du publics, éclatait en sanglots et cris de désespoir.

Vincent Brengarth, un des avocats de M. Sefrioui, a annoncé aussitôt que son client faisait appel de sa condamnation. Ouadie Elhamamouchi, un autre avocat du prédicateur, a estimé que son client était désormais “un prisonnier politique”. “Je me désolidarise de ces propos-là”, a cependant nuancé Me Brengarth, montrant des failles dans la défense du prédicateur.

Si le quantum des peines n’est pas très différent de ce que réclamait le parquet, la cour présidée par Franck Zientara a choisi de maintenir l’infraction de “complicité” pour les deux amis d’Abdoullakh Anzorov, un islamiste radical tchétchène de 18 ans, abattu par la police peu après son acte.

Les quatre autres accusés, dont une femme, appartenant à la “jihadosphère” qui était en contact avec Anzorov sur les réseaux sociaux, ont également tous été condamnés à des peines de prison ferme ou avec sursis.

Le parquet national antiterroriste (Pnat) avait requis des peines comprises entre 18 mois de prison avec sursis et 16 ans de réclusion criminelle contre les huit accusés âgés de 22 à 65 ans.

La veille de l’attentat, Naïm Boudaoud et Azim Epsirkhanov avaient accompagné Anzorov à Rouen pour y acheter un couteau (pas celui qui a servi à décapiter Samuel Paty) qui sera retrouvé sur la scène de crime. A l’audience, Boudaoud et Epsirkhanov ont répété qu’Anzorov leur avait expliqué que ce couteau était “un cadeau” pour son grand-père.

Le jour de l’attentat, le 16 octobre 2020, Boudaoud, le seul sachant conduire, a accompagné le tueur dans un magasin de pistolets airsoft puis l’a déposé à proximité du collège où enseignait Samuel Paty.

– “Conscience de la radicalité” –

Les deux jeunes gens “avaient conscience de la radicalité” d’Anzorov et “qu’il avait la volonté de s’attaquer à l’intégrité physique d’un tiers”, a indiqué la cour.

Plus de quatre ans après la mort de Samuel Paty, tué par un islamiste radical, le procès de huit personnes impliquées à des degrés divers dans son assassinat s'est achevé le 12 décembre 2024 ( AFP / Bertrand GUAY )

Plus de quatre ans après la mort de Samuel Paty, tué par un islamiste radical, le procès de huit personnes impliquées à des degrés divers dans son assassinat s’est achevé le 12 décembre 2024 ( AFP / Bertrand GUAY )

Cependant, a souligné le président Zientara, “il n’est pas démontré que (les deux jeunes gens) étaient avisés de l’intention d’Anzorov de donner la mort à Samuel Paty”.

Les magistrats du Pnat avaient requis 14 ans de réclusion assortie d’une période de sûreté des deux tiers contre Boudaoud et 16 ans de réclusion également assortie d’une période de sûreté des deux tiers contre Epsirkhanov.

La cour n’a pas retenue la période de sûreté des deux tiers à leur encontre.

Brahim Chnina, père de la collégienne qui a menti en accusant le professeur d’avoir discriminé les élèves musulmans de sa classe lors d’un cours sur la liberté d’expression où il a présenté une caricature de Mahomet, a posté des messages et une vidéo hostiles au professeur dès le 7 octobre.

Abdelhakim Sefrioui, fondateur de l’association (aujourd’hui dissoute) pro-Hamas “Collectif Cheikh-Yassine”, avait lui qualifié Samuel Paty de “voyou” dans une autre vidéo.

Mais rien ne prouve qu’Anzorov a vu la vidéo de M. Sefrioui, avaient mis en avant ses avocats, ajoutant que leur client n’avait pas rencontré l’assassin de Samuel Paty.

MM. Chnina et Sefrioui, qui se sont rendus ensemble au collège de Samuel Paty le 8 octobre, n’auraient pas agi de conserve, avaient également avancé leurs avocats pour contester l’accusation d’association de malfaiteurs terroriste qui pesait sur eux.

“La cour a considéré que (MM. Chnina et Sefrioui) avaient préparé les conditions d’un passage à l’acte terroriste”, a indiqué M. Zientara.

La cour a par ailleurs condamné Priscilla Mangel, 36 ans, à 3 ans de prison avec sursis pour provocation au terrorisme et à un an de prison Yusuf Cinar, 22 ans, reconnu coupable d’apologie du terrorisme.

La cour a condamné Ismaël Gamaev, 22 ans, (le seul des huit accusés à avoir reconnu sa culpabilité) à 5 ans de prison dont 30 mois avec sursis et à 3 ans de prison dont 2 avec sursis le Réunionnais Louqmane Ingar.

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