Les encours des fonds biodiversité ont doublé ces trois dernières années, selon Morningstar

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La biodiversité s’impose comme la nouvelle frontière de la gestion d’actifs, et l’industrie n’a pas tardé à accélérer le développement de ces produits en réponse à la demande de leurs clients institutionnels . Les actifs mondiaux dans les OPCVM et ETF axés sur la biodiversité ont plus que doublé au cours des trois dernières années, atteignant 3,7 milliards de dollars, selon un récent rapport de Morningstar Sustainalytics .

Ce dernier recense 34 fonds sur cette thématique, répartis en trois grandes stratégies d’investissement. La première repose sur une gestion des risques, avec des investissements dans des entreprises qui réduisent leur impact sur la biodiversité. La deuxième cible les entreprises offrant des solutions pour lutter contre la perte de biodiversité. Enfin, la troisième combine ces deux approches. Tous ces fonds sont domiciliés en Europe, et la majorité d’entre eux ont été créé en 2022 et en 2023.

Les fonds axés sur la biodiversité privilégient en général les secteurs de l’industrie, de la technologie et des matériaux. Cependant, la majorité (70?%) des entreprises des sous-secteurs concernés n’a pas de politique de protection de la biodiversité, précisent les auteurs. Parmi les bons élèves, le secteur des « multi-utilities » arrive en tête, avec 59?% des entreprises ayant adopté une telle politique, suivi par l’extraction de métaux précieux (56?%) et les mines d’ or (50?%). Sans surprise, le secteur pétrolier et gazier (incluant le stockage et le transport) figure parmi les retardataires, avec seulement 6,5?% des entreprises dotées d’une politique sur la biodiversité.

L’absence des marchés émergents

Les entreprises américaines et européennes dominent les titres sous-jacents de ces fonds, les gérants n’ayant pratiquement aucune exposition aux marchés émergents. « Les entreprises des marchés développés présentent généralement des risques ESG moindres et ont davantage de politiques visant à lutter contre la perte de biodiversité. Elles disposent également de plus de ressources pour innover et développer des solutions liées à la biodiversité », avance le rapport pour expliquer cette tendance.

La majorité des fonds biodiversité (24) est gérée activement, avec 1,8 milliard de dollars d’encours sous gestion (48?% des actifs totaux). Une dizaine de stratégies passives représentent 52?% de cet univers, dominé par le véhicule Northern Trust World Natural Capital PAB Index Fund II, qui gère 1,5 milliard de dollars, soit 40?% de l’univers global des fonds de biodiversité.

Les fonds axés sur la biodiversité affichent en moyenne des performances inférieures à celles de leurs homologues ESG et non-ESG depuis 2021, en partie à cause de frais plus élevés. Ils n’ont surperformé qu’en 2022, mais ont mieux résisté aux ralentissements du marché. « Les stratégies mixtes ont enregistré de meilleurs rendements que les stratégies axées sur le risque ou sur les solutions », précise le rapport.

Plusieurs défis à surmonter

L’année 2024 marque un tournant difficile pour ces fonds, qui ont enregistré leur première décollecte au cours des neuf premiers mois, dans un contexte de baisse de l’appétit pour les fonds ESG . Seuls trois fonds ont été lancés depuis le début de l’année. « Le ralentissement du développement de nouveaux produits reflète la tendance que nous observons sur le marché plus large des fonds ESG après des années d’activité intense », ajoute le rapport. Seuls les fonds axés sur les solutions continuent d’attirer de nouveaux capitaux cette année, avec 50 millions de dollars levés depuis janvier.

Malgré leur essor, les fonds sur la biodiversité restent minoritaires, éclipsés par les OPCVM et ETF axés sur le climat , qui représentent 530 milliards de dollars pour près de 1.600 fonds. Le nombre limité de stratégies s’explique également par le fait que la biodiversité se situe à l’intersection d’autres thèmes, souvent jugés plus accessibles pour l’investissement, comme le changement climatique , l’eau , ou dans une certaine mesure, l’économie circulaire , selon le rapport.

Les stratégies visant à atteindre les objectifs en matière de biodiversité se révèlent enfin difficiles à mettre en œuvre, notamment en raison du manque de données . « Les données relatives au capital naturel et à la biodiversité restent parcellaires et complexes à collecter, à interpréter et à traduire en termes financiers », explique le rapport. De plus, contrairement au changement climatique, il n’existe pas de jeu de mesures standardisées pour évaluer la biodiversité.

Tuba Raqshan

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