finance durable
L’année 2025 devraitencore être mouvementée pour la finance durable avec le retourde Donald Trump à la présidence des Etats-Unis qui pourraitrenforcer les divergences régionales tant sur le plan des fluxfinanciers que sur ceux des affaires judiciaires et de laréglementation.
La réponse politique des gouvernements reste encore troplente pour atteindre l’objectif mondial de limitation duréchauffement climatique fixé il y a près de 10 ans malgré destempératures records et des phénomènes météorologiquesextrêmes.
Alors que les régulateurs du monde entier durcissentprogressivement les règles qui régissent la finance et lesentreprises afin de réduire plus rapidement les émissions decarbone nocives pour le climat, le rythme du changement estinégal, les États-Unis étant déjà à la traîne par rapport àl’Europe.
Les choix de Donald Trump à l’égard des politiquesenvironnementales, sociales et de gouvernance (ESG) pourraientcreuser cet écart, bien que les engagements de réduction desémissions à court terme et les coûts croissants des événementsclimatiques maintiennent pour de nombreuses entreprisesl’orientation générale inchangée.
“Nous prévoyons qu’en 2025, nous verrons une résilience pourl’investissement durable à l’échelle mondiale, même s’il estprobable qu’il restera des différences fondamentales entrel’approche des États-Unis et celle de l’Europe”, a déclaré TomWillman, responsable de la réglementation chez Clarity AI, uneentreprise spécialisée dans les technologies de développementdurable.
“Aux États-Unis, on peut s’attendre à une approche plusconservatrice, les investisseurs privilégiant les rendements àlong terme ajustés au risque afin d’éviter les risquespolitiques ou de réputation potentiels.”
Alors qu’un peu plus de la moitié des cadres américainss’attendent à des réglementations nouvelles ou élargies enmatière de développement durable cette année, ce chiffre atteint60% en Grande-Bretagne et de 80% à Singapour, selon une enquêtemenée en décembre par Workiva auprès de 1.600 cadres.
La réalité politique américaine a déjà incité certainesentreprises à réduire leurs efforts en matière de climat et dediversité pour éviter le feu des critiques, à l’image des plusgrandes banques américaines qui ont récemment quitté laprincipale coalition mondiale du secteur sur le climat.
La pression juridique s’accentue également sur les effortsmondiaux en matière de climat. L’an dernier, une analyse duGrantham Research Institute on Climate Change and theEnvironment a montré qu’un litige climatique sur cinq n’étaitpas aligné sur les politiques de réduction des émissions. Lamajorité d’entre eux se trouvaient aux États-Unis.
Les fonds ESG américains ont vu leurs clients retirer 15,9milliards de dollars, alors que les fonds européens ont reçu37,3 milliards de dollars, selon les données de l’observateur dusecteur Morningstar.
Le nombre de nouveaux fonds axés sur l’ESG lancés auxÉtats-Unis est tombé à 7 seulement, contre 189 en Europe.
Pour la première fois, davantage de fonds durables ont étéfermés que lancés, sous l’effet de la politique américaine maisaussi des règles plus strictes de ‘reporting’ et labellisationen Europe.
Selon Hortense Bioy, responsable de la recherche surl’investissement durable chez Morningstar Sustainalytics, lademande de fonds durables a été inférieure à celle du marché engénéral à cause des performances mitigées, des inquiétudes quantà savoir si certains fonds étaient aussi verts qu’ils leprétendaient, de l’incertitude réglementaire et de la réactiondes acteurs ESG.
Malgré des perspectives incertaines en raison de lapossibilité que Donald Trump édulcore certaines initiatives ESG,par exemple le soutien du gouvernement aux véhiculesélectriques, de nombreux moteurs de marché sous-jacents de lademande de finance durable, tels que le besoin d’énergie verte,sont restés, a-t-elle ajouté.
Le montant des fonds levés par le biais d’obligationsdurables a également continué à augmenter dans les Amériques(+16,9 %) et en Europe (+10,7 %) en 2024, selon les données deLSEG.
Compte tenu des pressions concurrentes, Leon Kamhi,responsable de la responsabilité chez le gestionnaire d’actifsFederated Hermes, a déclaré qu’il s’attendait à ce que lesinvestisseurs “mûrissent” et se concentrent sur les impactsobtenus dans l’économie réelle.
“Pour que la transition soit réussie, il est essentiel queces investissements génèrent des retours économiques tant pourles entreprises que pour les investisseurs.”
(Reportage Simon Jessop, avec Toby Chopra ; version françaiseBertrand De Meyer, édité par Kate Entringer)
© 2025 Thomson Reuters. All rights reserved. Reuters content is the intellectual property of Thomson Reuters or its third party content providers. Any copying, republication or redistribution of Reuters content, including by framing or similar means, is expressly prohibited without the prior written consent of Thomson Reuters. Thomson Reuters shall not be liable for any errors or delays in content, or for any actions taken in reliance thereon. “Reuters” and the Reuters Logo are trademarks of Thomson Reuters and its affiliated companies.