Tensions avec le Chine : le détroit de Taïwan, une voie maritime majeure et l’épicentre de plusieurs crises

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Tensions avec la Chine

À peine large de 130 kilomètres en son point le plus étroit, le détroit de Taïwan voit transiter plus de 20% du trafric maritime mondial.

Vue du détroit de Taïwan depuis l'île de Pingtan, en Chine. ( AFP / GREG BAKER )

Vue du détroit de Taïwan depuis l’île de Pingtan, en Chine. ( AFP / GREG BAKER )

Taïwan a affirmé mardi être face à un déploiement naval massif de la Chine près de ses eaux, plus important que celui lancé en août 2022 en riposte à la visite à Taipei de Nancy Pelosi, alors présidente de la Chambre des représentants américaine. Pékin n’a pas communiqué sur cette démonstration de force.

Le point sur la situation dans le détroit de Taïwan, voie navigable stratégique et point de tension militaire croissant.

• Où se trouve le détroit de Taïwan ?

Le détroit de Taïwan sépare la province orientale chinoise du Fujian et l’archipel de Taïwan, où vivent plus de 23 million d’habitants. En son point le plus étroit, le détroit de Taïwan, où transite plus de 20% du trafic maritime mondial, mesure 130 kilomètres . Mais quelques petites îles taïwanaises, comme Kinmen et Matsu, se trouvent à quelques encablures seulement des côtes chinoises.

Après la prise de pouvoir des communistes de Mao Zedong en 1949, le gouvernement nationaliste chinois s’est réfugié sur cette ancienne colonie japonaise. Depuis, Pékin affirme que Taïwan fait partie de son territoire et n’exclut pas de recourir à la force pour en prendre le contrôle.

• En quoi ce détroit est-il important ?

Le détroit de Taïwan a vu transiter quelque 2,450 milliards de dollars de marchandises en 2022, selon l’Institut américain Center for Strategic and International Studies.

Taïwan joue par ailleurs un rôle primordial dans la production de semi-conducteurs de pointe, cruciaux notamment pour le développement de l’intelligence artificielle. L’île assure pas moins de 90% des fournitures mondiales dans le domaine des puces les plus avancées .

Ces deux facteurs font peser des risques majeurs pour l’ensemble de l’économie mondiale en cas de blocus. “Les marchés s’effondreraient, les échanges commerciaux se contracteraient, et les chaînes d’approvisionnement se bloqueraient”, note Robert A. Manning, de l’Institut Stimson Center à Washington. Le préjudice pour les seules entreprises utilisant les puces fabriquées à Taïwan pourrait s’établir à 1.600 milliards de dollars par an , selon une étude de Rhodium Group.

Une invasion mettrait aussi en péril le mode de vie des Taïwanais, et notamment le système démocratique développé depuis la fin de la dictature dans les années 1990.

Elle risquerait enfin d’entraîner un conflit régional voire mondial : les États-Unis, même s’ils ne reconnaissent pas Taïwan sur le plan diplomatique, en est le premier fournisseur d’armes. Le Japon et les Philippines, dont certaines îles se trouvent à quelques dizaines de kilomètres seulement de Taïwan, pourraient également être entraînés dans le conflit.

• Que sait-on des manœuvres militaires en cours ?

À la différence des exercices militaires précédents, Pékin est cette fois resté muet sur ces manœuvres.

Mais un haut responsable sécuritaire taïwanais a indiqué à l’ AFP que “près de 90” navires chinois étaient déployés mardi dans les eaux de la “première chaîne d’île” du Pacifique, qui inclut Okinawa (Japon), Taïwan et les Philippines. Le ministère taïwanais de la Défense a par ailleurs détecté 47 appareils chinois près de Taïwan au cours des 24 heures précédant 6h (22h GMT lundi), un record depuis octobre.

Le ministère chinois des Affaires étrangères a lui refusé de répondre aux questions sur le sujet lors d’une conférence de presse mardi, renvoyant les journalistes aux “autorités compétentes”. Ces développements interviennent après la visite du président taïwanais Lai Ching-te sur certains territoires américains du Pacifique la semaine dernière, un séjour vivement critiqué par Pékin.

• Quels précédents ?

La Chine a intensifié sa pression sur Taïwan ces dernières années et a mené quatre exercices militaires de grande envergure depuis 2022. Pékin avait déjà organisé des manœuvres en mai -“Joint Sword-2024A”-, après l’investiture du nouveau président William Lai, et encerclé Taïwan en avril de l’année dernière après une rencontre entre la présidente Tsai Ing-wen et l’ex-président de la Chambre des représentants des États-Unis, Kevin McCarthy.

Un porte-parole du ministère taïwanais de la Défense a toutefois déclaré que l’ampleur des forces maritimes impliquées dans l’opération actuelle “dépasse les quatre exercices depuis 2022”.

Plusieurs crises majeures ont déjà éclaté dans le détroit. La plus récente remonte à 1995-1996, lorsque la Chine avait procédé à des tests de missiles autour de Taïwan après la visite du président taïwanais de l’époque, Lee Teng-hui, aux États-Unis.

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