épargne
L’encours total des contrats d’assurance vie flirte avec les 2.000 milliards d’euros, un record, selon la fédération professionnelle.
( AFP / PHILIPPE HUGUEN )
Ils sont assis sur le plus gros magot d’épargne en France. Les assureurs vie ont commencé a dévoiler le taux de rémunération atteint par leurs contrats au cours de l’année 2024. Si les mieux-disant du marché dépassent largement celui du Livret A, le taux moyen de l’assurance vie sur l’année écoulée devrait se situer aux alentours de celui que le petit livret rouge proposera au 1er février, 2,5% .
“En 2025, l’assurance vie restera une solution d’épargne prisée des français, alors même que le taux du livret A devrait baisser”, souligne mercredi la Maif dans un communiqué.
Les premiers taux de rendement annoncés la semaine dernière – 3,75% pour Ampli mutuelle et 3,50% pour Garance – ont largement passé la barre des 2,5%, attendus pour le Livret A au 1er février. C’est aussi le cas cette semaine pour MACSF, GMF et Maaf (respectivement 3,10%, 2,70% et 2,70%, annoncés mardi), la France Mutualiste et la Maif (respectivement 3,60% et 3%, annoncés mercredi) ou encore la Macif (2,70% annoncés jeudi).
Mais les premiers taux publiés, pour l’essentiel stables, sont souvent les mieux-disant du marché et ne reflètent pas les performances qu’afficheront l’ensemble des assureurs. Le cabinet spécialisé Facts & Figures attend un taux moyen pour les fonds en euros, au capital garanti, proche des 2,50% , en légère baisse par rapport à l’an dernier et équivalent à celui attendu du Livret A -aujourd’hui à 3%- au 1er février prochain.
Une différence de taille cependant : ce dernier s’entend net d’impôts. Pour avoir un point de comparaison fiable, il faudrait abaisser les taux des fonds euros jusqu’à 30%, selon l’âge du contrat.
Les taux servis par les assureurs sont d’abord condition de la bonne gestion de leurs placements en 2024 “malgré un contexte économique et politique instable”, a souligné la MACSF dans un communiqué. Leur capacité à investir dans des obligations nouvellement émises, plus rentables que les anciennes, et les performances des actifs non cotés ont porté les meilleurs gestionnaires.
Plus de risque, plus de rémunération
Les taux reflètent également le niveau de réserve -dans le jargon la provision pour participation aux bénéfices (PPB)- et l’utilisation de celle-ci pour “doper” les performances. L’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) encourage les assureurs à y piocher : “L’ajustement des organismes d’assurance au nouvel environnement de taux d’intérêt n’est pas achevé”, écrit-elle dans une déclaration transmise mercredi à l’ AFP . Le superviseur, adossé à la Banque de France, “considère qu’une utilisation prudente et progressive de la provision pour participation aux bénéfices (PPB) en accompagnement de cet ajustement reste pertinente”. Mais les assureurs ne sont pas tous logés à la même enseigne puisque certains ont été dans les années passées plus cigales que fourmis.
Ces taux sont aussi modulés par les assureurs en fonction de l’appétence au risque de leurs clients. Certains appliquent par exemple un bonus aux rémunérations des fonds euros de détenteurs d’au moins 20% d’unités de compte (UC), placement potentiellement plus rémunérateurs, car investi dans des actions par exemple, mais qui comportent un risque de perte en capital.
D’autres, comme la France Mutualiste, en reviennent. Ce système est mal compris et ne s’inscrit “pas forcément dans un esprit mutualiste”, a souligné lors d’une conférence de presse Stanislas Perrin, directeur général adjoint de la France Mutualiste. “Au bout d’un moment, ça peut être dangereux d’inciter” les épargnants à suivre cette stratégie d’investissement , continue-t-il, soucieux que ses adhérents choisissent d’investir dans des UC “en tout connaissance de cause”.
“Il y a un regain d’intérêts pour les fonds euros depuis un an ou deux ans”, constate de son côté la directrice finance-épargne de la Macif Odile Ezerzer, contactée par l’ AFP . “Dans certains cas, et pour certains sociétaires, le fonds euros est vraiment le meilleur conseil”, précise-t-elle.
Entre janvier et novembre 2024, les titulaires de contrats d’assurance vie ont eu pourtant tendance à se retirer des fonds euros, qui ont dégonflé de 4,3 milliards d’euros, contrairement aux unités de compte, selon les dernières données publiées par France assureurs le 6 janvier. L’hémorragie était néanmoins beaucoup plus forte l’an dernier.
L’encours total des contrats d’assurance vie flirte avec les 2.000 milliards d’euros , un record, selon la fédération professionnelle. Plus de 70% sont investis en fonds euros. Chaque souscripteur dispose en moyenne de 100.000 euros sur l’ensemble de ses contrats.