Corée du Sud
Photo diffusée par la présidence sud-coréenne montrant le dirigeant suspendu Yoon Suk Yeol en train de prononcer une allocution, le 14 décembre 2024 à Séoul ( South Korean Presidential Office / Handout )
La Cour constitutionnelle a lancé mardi, avec une audience limitée à quelques minutes, l’examen de la destitution du président Yoon Suk Yeol, procédure qui soit le démettra définitivement pour sa tentative ratée d’imposer la loi martiale soit lui redonnera le pouvoir.
Plus d’un mois après ce coup de force qui a plongé la Corée du Sud dans une grave crise politique, un processus long mais crucial commence. La juridiction a jusqu’à la mi-juin pour confirmer ou infirmer la motion adoptée le 14 décembre par l’Assemblée nationale, qui avait suspendu M. Yoon.
La première audience a démarré à 14H00 locales (05H00 GMT), ne durant que quelques minutes, Yoon Suk Yeol ne s’étant pas présenté, a indiqué à l’AFP un porte-parole de la juridiction.
Les avocats de l’ancien procureur avaient fait part de son intention de venir s’expliquer, mais pas mardi, invoquant des “inquiétudes concernant la sécurité et de potentiels incidents”.
Quatre autres sessions sont prévues à ce stade: les 16, 21 et 23 janvier, ainsi que le 4 février.
Barricadé depuis des semaines dans sa résidence et menacé d’arrestation, Yoon Suk Yeol, 64 ans, risque son mandat pour avoir essayé sans succès d’imposer la loi martiale le 3 décembre, une mesure choc qu’il avait justifiée par sa volonté de protéger le pays des “forces communistes nord-coréennes” et d'”éliminer les éléments hostiles à l’Etat”.
Au sein d’un Parlement cerné par des soldats, un nombre suffisant de députés avait rapidement contrecarré ses plans en votant un texte exigeant la levée de cet état d’exception. Mis sous pression par les élus, des milliers de manifestants prodémocratie et contraint par la Constitution, M. Yoon avait dû obtempérer.
Outre la procédure de destitution, le dirigeant conservateur est visé par plusieurs enquêtes dont une pour “rébellion”, un crime passible de la peine de mort. Le Bureau d’enquête sur la corruption des hautes personnalités (CIO), qui centralise les investigations, a échoué à l’appréhender à son domicile le 3 janvier, repoussé par le Service de sécurité présidentiel (PSS) déterminé à le protéger.
– Six voix requises –
Des partisans du président sud-coréen Yoon Suk Yeol manifestent devant sa résidence à Séoul le 6 janvier 2025 ( AFP / Philip FONG )
Si au moins six juges de la Cour — sur huit — confirment la destitution, cela déclenchera une nouvelle élection présidentielle dans les 60 jours dans la quatrième économie d’Asie, qui en est à son deuxième président par intérim puis les événements de début décembre. Sinon, M. Yoon, bien que très impopulaire, sera rétabli dans ses fonctions.
“Le dossier de la destitution ne se focalise que sur la loi martiale, donc les faits ne sont pas particulièrement complexes”, relève auprès de l’AFP l’avocat Kim Nam-ju, estimant que le processus “ne devrait pas prendre trop longtemps”.
L’équipe juridique de Yoon Suk Yeol appelle pour sa part la Cour à utiliser l’intégralité du temps imparti pour étudier le dossier, en particulier ce qui “a conduit à la déclaration de la loi martiale”.
– Défenses renforcées –
Des policiers devant la résidence du président déchu sud-coréen Yoon Suk Yeol le 6 janvier 2025 ( AFP / ANTHONY WALLACE )
En parallèle, le CIO “poursuit ses préparatifs” en vue de sa deuxième tentative d’arrestation, a expliqué mardi un responsable à des journalistes.
Afin de ne pas reproduire le fiasco du 3 janvier, l’agence nationale d’investigation, une division de la police, a demandé à des hauts responsables policiers de Séoul d’être prêts à déployer 1.000 agents, selon l’agence Yonhap.
En face, la garde de M. Yoon a renforcé les défenses de sa résidence, hérissée de barbelés, alors que des bus en barrent l’entrée.
Une unité de l’armée patrouille à l’extérieur mais ne “sera pas mobilisée pendant l’exécution du mandat”, a certifié à la presse Lee Kyung-ho, un porte-parole du ministère de la Défense.
La police, le CIO et le PSS se sont réunis mardi pour discuter du mandat d’arrêt, a rapporté Yonhap.
Le chef de cabinet de M. Yoon, Chung Jin-suk, a fait savoir que son bureau était “prêt à envisager toutes les options en matière d’enquête ou de visites” au dirigeant déchu “dans un lieu tiers”.
Une arrestation de Yoon Suk Yeol, toujours formellement président en attendant la décision de la Cour constitutionnelle, représenterait une première pour un chef de l’Etat sud-coréen en exercice.
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