Espagne
Yolanda Diaz à Madrid, en Espagne, le 30 mai 2024. ( AFP / JAVIER SORIANO )
Après des mois de négociations, le gouvernement espagnol a signé vendredi un accord avec les syndicats sur la réduction à 37,5 heures de la semaine de travail, contre 40 aujourd’hui, mais sans le patronat et avec le risque de voir le Parlement rejeter cette réforme.
Aujourd’hui, “nous écrivons une nouvelle page dans le livre des grandes conquêtes sociales de notre pays”, a déclaré la ministre du Travail Yolanda Diaz, chargée de piloter cette réforme, après la signature de cet accord avec les deux principaux syndicats de salariés, CCOO et UGT.
“L’heure est venue de partager les gains de productivité” avec “les travailleurs”, a ajouté lors d’une conférence de presse Mme Diaz, figure du parti d’extrême gauche Sumar, allié aux socialistes au sein du gouvernement espagnol.
Dans leur programme commun, scellé en octobre 2023, Sumar et le parti socialiste s’étaient engagés à réduire de 40 heures à 37,5 heures la durée légale du temps de travail hebdomadaire, avec une première étape à 38,5 heures, sans perte de salaire.
Cette réduction, la première depuis 1983, doit concerner près de 12 millions de salariés du secteur privé – ceux du public bénéficiant déjà quant à eux des 37,5 heures hebdomadaires. L’objectif, selon Mme Diaz, est de permettre “aux travailleurs” de “vivre mieux, moins fatigués”.
L’accord signé vendredi avec les syndicats CCOO et l’UGT n’a cependant pas reçu l’aval du patronat, qui avait décidé mi-novembre de quitter la table des négociations après onze mois de réunions infructueuses, estimant que ses demandes n’étaient pas prises en compte par l’exécutif.
Les organisations patronales s’inquiètent de l’impact de la réforme sur la compétitivité espagnole. Elles estiment que tous les secteurs d’activité ne sont pas logés à la même enseigne et qu’une baisse généralisée du temps de travail pourrait fragiliser certaines entreprises.
Des craintes écartées vendredi par Yolanda Diaz, qui a rappelé que l’économie espagnole était actuellement la plus dynamique des pays de l’OCDE, avec une croissance de 3,1% attendue en 2024 par la Banque d’Espagne, et a promis d’aller au bout de la réforme.
L’accord doit en effet être approuvé par les députés pour entrer en vigueur. Or il se heurte aux réticences de plusieurs alliés du gouvernement au Parlement, dont le Parti nationaliste basque (PNV) et les indépendantistes catalans de Junts per Catalunya (JxCat).
“Aujourd’hui est un jour important, mais ce n’est pas la fin”, a reconnu le secrétaire général de CCOO, Unai Sordo, aux côtés de Mme Diaz.