énergies renouvelables
“Je ne peux pas continuer à investir dans un pays, à avoir autant de personnes qui me coûtent de l’argent pour un rendement aussi faible”, a tranché Patrick Pouyanné.
Patrick Pouyanné à Paris, le 28 novembre 2024. ( AFP / THOMAS SAMSON )
Trop de réglementation, pas assez de “volonté collective”, des processus trop compliqués… Le développement des énergies renouvelables en France est paralysé par la complexité des procédures, ont estimé mardi 10 décembre les patrons de TotalEnergies et d’EDF, Patrick Pouyanné et Luc Rémont. Le géant pétrolier pourrait décider d’abandonner les projets dans l’Hexagone, faute de simplification.
“Il faut qu’on simplifie le processus . Je suis désolé mais quand je regarde (en France), j’ai 500 développeurs d’énergies renouvelables (des personnels, NDLR) qui arrivent à faire péniblement 300 à 400 mégawatts (MW) par an (…) Ce n’est pas possible de continuer comme ça, je vous le dis. Moi, aux États-Unis, j’ai construit 2 GW en un an”, a déclaré le patron de TotalEnergies Patrick Pouyanné au congrès de l’Union française de l’électricité à Paris (UFE). Faute d’accélération, le patron du groupe pétro-gazier qui se diversifie dans l’électricité se dit prêt à “faire des arbitrages vers des pays qui sont plus accueillants”, comme l’Allemagne.
Une loi d’accélération en 2023 “qui a tout ralenti”
“Je ne peux pas continuer à investir dans un pays (la France), à avoir autant de personnes qui me coûtent de l’argent pour un rendement aussi faible . Et ça, c’est un problème d’espace, c’est un problème de réglementation, c’est un problème de volonté collective”, a encore critiqué Patrick Pouyanné en fustigeant une loi d’accélération des renouvelables du 10 mars 2023 “qui a tout ralenti”.
“On sait faire des grands projets dans ce pays, du nucléaire, des cathédrales, des Jeux olympiques, là, on est super organisés”, a ironisé le bouillant patron qui était présent vendredi à la dernière visite de chantier de la cathédrale Notre-Dame en présence d’Emmanuel Macron.
A ses côtés mardi à une table-ronde, le PDG du groupe électricien EDF, Luc Rémont, a souscrit aux même critiques.
“Patrick le disait tout à l’heure, c’est l’enfer d’investir en France. C’est vrai, c’est l’enfer d’investir en France pour des raisons réglementaires et ce n’est pas juste l’enfer pour faire du renouvelable, c’est l’enfer pour un industriel qui veut se raccorder, pour raccorder un data-center (centre de données, ndlr) au réseau électrique, c’est des délais administratifs qui sont juste incommensurables avec ce qu’on vit ailleurs dans le monde . Le premier frein à la décarbonation aujourd’hui, ce sont les procédures”, a déclaré Luc Rémont.