Taïwan
La Chine et le Japon entretiennent un partenariat commercial clé, mais l’augmentation des dépenses militaires et des rivalités territoriales en mer de Chine orientale ont profondément tendu leurs relations.
Takeshi Iwaya à Tokyo, au Japon, le 11 novembre 2024. ( AFP / TOSHIFUMI KITAMURA )
Le ministre japonais des Affaires étrangères, Takeshi Iwaya, a profité jeudi 26 décembre d’une visite à Pékin pour s’inquiéter publiquement auprès de son homologue Wang Yi de “l’intensification des activités militaires” chinoises, a indiqué Tokyo.
Le chef de la diplomatie japonaise, qui effectue sa première visite officielle en Chine, s’est entretenu avec Wang Yi à la fastueuse résidence d’État de Diaoyutai à Pékin, d’après des images diffusées par la chaîne d’État CCTV . Lors de cette rencontre, le ministre japonais a fait part des “graves préoccupations” de Tokyo sur “la situation en mer de Chine orientale, notamment autour des îles Senkaku” , et face à “l’intensification des activités militaires de la Chine”, a rapporté la diplomatie japonaise.
Les îles Senkaku, un archipel inhabité en mer de Chine orientale, sont administrées par le Japon mais revendiqué par Pékin sous le nom de Diaoyu.
Takeshi Iwaya a ajouté que Tokyo surveillait “attentivement” la situation autour de Taïwan, archipel souverain de fait mais revendiqué par Pékin, situé près de la zone économique exclusive du Japon.
Malgré ces tensions, “la Chine est prête à travailler avec le Japon, en mettant l’accent sur les intérêts communs , et à renforcer le dialogue et la communication”, a déclaré plus tôt mercredi Mao Ning, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères lors d’un point de presse régulier. Les deux pays ont par ailleurs convenu de “concrétiser la visite du ministre des Affaires étrangères Wang au Japon au moment approprié le plus tôt possible l’année prochaine”, a rapporté le communiqué de la diplomatie japonaise.
La Chine et le Japon entretiennent un partenariat commercial clé, mais l’augmentation des dépenses militaires et des rivalités territoriales en mer de Chine orientale ont profondément tendu leurs relations.
Tokyo, allié de longue date des États-Unis, a augmenté ses dépenses de Défense ces dernières années face à la multiplication des manœuvres militaires de Pékin, notamment autour de Taïwan. Taipei a indiqué plus tôt ce mois-ci que la Chine avait mené ses plus importants exercices maritimes depuis des années , sur un périmètre allant des îles du sud du Japon jusqu’à la mer de Chine méridionale.
“De plus en plus grave”
En août, l’armée de l’air chinoise a effectué pour la première fois une incursion confirmée dans l’espace aérien japonais, suivi par le lancement en septembre d’un missile balistique intercontinental chinois dans l’océan Pacifique. Quelques semaines plus tard, un navire de guerre japonais a transité par le détroit de Taïwan.
La situation sécuritaire dans la région devient “de plus en plus grave” , a affirmé début décembre le ministre de la Défense japonais, Gen Nakatani, lors d’une rencontre à Tokyo avec le secrétaire à la Défense américain Lloyd Austin.
Parmi les autres sujets de discorde figure l’inculpation par la Chine en août d’un citoyen japonais pour des soupçons d’espionnage . Cet employé de la société pharmaceutique japonaise Astellas a été arrêté en mars de l’année dernière et placé en détention provisoire en octobre.
“Le manque de transparence entourant la loi chinoise sur l’espionnage poussent les Japonais à réfléchir à deux fois avant de se rendre en Chine”, a déclaré Takeshi Iwaya à son homologue chinois, selon la diplomatie japonaise, appelant à “la libération rapide des ressortissant(s) japonais détenus”.
Les relations entre Pékin et Tokyo sont historiquement tumultueuses : l’occupation brutale de certaines régions chinoises par le Japon avant et pendant la Seconde Guerre mondiale reste un point de dissension majeur, Pékin accusant Tokyo de ne pas avoir suffisamment reconnu les souffrances infligées. Les relations entre les deux puissances se sont encore ternies en 2023 avec l’interdiction par Pékin d’importer des produits de la mer japonais suite au rejet dans l’océan Pacifique d’eaux traitées provenant de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima.
En septembre, la Chine a toutefois annoncé qu’elle reprendrait progressivement les importations de fruits de mer japonais. Ce geste de conciliation a été confirmé mercredi par Wang Yi lors de la visite du ministre japonais, selon Tokyo.