secte juive
Des policiers et des membres de la secte juive ultra-orthodoxe Lev Tahor devant le centre où sont pris en charge 160 enfants secourus par les autorités, le 22 décembre 2024 à Guatemala ( AFP / Johan ORDÓÑEZ )
Des membres d’une secte juive ultra-orthodoxe du Guatemala, soupçonnée de violences sexuelles sur mineurs, ont tenté dimanche de reprendre par la force 160 enfants placés par les autorités dans un centre spécialisé, dont certains ont pris la fuite.
Les 160 enfants, exfiltrés vendredi d’une propriété du groupe Lev Tahor (“Cœur pur” en hébreu), ont été accueillis dans un centre de soins de la capitale Guatemala, devant lequel une centaine de membres de la secte s’étaient rassemblés pour exiger leur retour.
Vers 16H30 locales (22H30 GMT), certains ont “fait irruption” à l’intérieur en “forçant la porte”, “enlevant” plusieurs enfants avant qu’ils ne soient tous récupérés avec l’aide de la police, avait expliqué le Procureur général de la nation dans un message sur X.
Des personnes présentes devant le refuge sont venues en aide aux membres de la secte, essayant d’empêcher les autorités de reprendre les mineurs, ce qui a entraîné des heurts, a rapporté un photographe de l’AFP sur place.
En soirée, le secrétariat aux Affaires sociales a indiqué dans un communiqué qu’un nombre non précisé d’enfants s’étaient échappés au moment de l’effraction, “avec l’aide d’adultes”, et qu’ils demeuraient introuvables.
“Ce faisant, ils se sont soustraits au processus d’hébergement temporaire et exceptionnel dont ils étaient les bénéficiaires”, a poursuivi la même source, ajoutant qu’une “alerte” spéciale pour la recherche de mineurs disparus avait été activée.
– Ossements –
“Nous voulons qu’ils les laissent sortir d’ici”, avait déclaré plus tôt dans la journée Uriel Goldman, un représentant des familles de Lev Tahor réunies devant le centre d’accueil.
La perquisition de la propriété de la secte, située à une soixantaine de kilomètres au sud-ouest de Guatemala, avait été motivée par des soupçons de traite d’êtres humains “sous forme de grossesses forcées, de maltraitance d’enfants et de viol”, selon le procureur Dimas Jiménez.
Les recherches ont permis de découvrir les ossements présumés d’un mineur, avait informé le parquet.
Des policiers guatémaltèques protègent un minibus transportant des enfants exfiltrés d’une propriété d’une secte juive ultra-orthodoxe, le 22 décembre 2024 ( AFP / Johan ORDÓÑEZ )
“Les autorités ont mené une enquête très importante ici au Guatemala”, a dit dimanche M. Goldman. Selon lui, Lev Tahor est la cible “de mensonges” et de “fausses dénonciations”.
“Il y a une pression extérieure (pour) détruire la communauté”, qui compte quelque 50 familles, principalement du Guatemala, des Etats-Unis et du Canada, a-t-il assuré.
La secte a pour sa part qualifié les enquêtes contre elle de “persécution religieuse”.
Lev Tahor a été fondée dans les années 1980 et pratique une forme ultra-orthodoxe de judaïsme, selon laquelle les femmes doivent notamment porter des tuniques noires qui les recouvrent de la tête aux pieds.
Le groupe s’est installé à Oratorio en 2016, après des raids de la police et du parquet contre plusieurs de ses immeubles au Guatemala, pays où il est arrivé en 2013. A l’époque, les autorités avaient indiqué agir à la demande d’Israël, dont la police était à la recherche d’une mineure disparue.
En 2014, la secte avait été expulsée d’un village maya en raison de plusieurs différends avec les habitants.
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