Trump
Le président élu Donald Trump à Phoenix, en Arizona, le 22 décembre 2024 ( AFP / JOSH EDELSON )
Prise de contrôle américaine du canal de Panama, appels à acheter le Groenland ou encore boutades sur une annexion du Canada: Donald Trump enchaîne les déclarations provocantes et le monde se demande s’il faut le prendre au sérieux.
En défiant la souveraineté de certains alliés de Washington quatre semaines avant son retour à la Maison Blanche, le président élu rappelle qu’il a le profil d’un perturbateur-en-chef de l’ordre international.
Ses récents commentaires ont ravivé des craintes remontant à son premier mandat, selon lesquelles Donald Trump sera plus intransigeant avec les alliés des Etats-Unis qu’avec les ennemis chinois ou russe.
Mais certains soupçonnent le milliardaire de jouer de son image d’ancienne star de télé-réalité et de vouloir faire les gros titres pour s’imposer comme homme fort, à l’étranger comme aux Etats-Unis.
“C’est difficile de savoir à quel point il pense ce qu’il dit et à quel point il fait ça pour que ses petites phrases soient reprises”, explique Frank Sesno à l’AFP, professeur à l’Université George Washington et ancien journaliste détaché à la Maison Blanche.
“Il met les autres dirigeants dans la position de devoir démêler le vrai du faux”, a-t-il ajouté.
– “Pas à vendre” –
“Pour la sécurité nationale et la liberté à travers le monde, les Etats-Unis d’Amérique estiment que la propriété et le contrôle du Groenland en font une nécessité absolue”, avait écrit dimanche Donald Trump sur Truth Social.
Ce à quoi le Premier ministre du Groenland, Mute Egede, a répliqué que le territoire, riche en ressources naturelles, n’était “pas à vendre”.
Ses récentes déclarations sur le Groenland font écho à celles qu’il avait tenues en 2019. Donald Trump, alors président, avait ouvertement envisagé l’achat par les Etats-Unis de ce territoire de l’Arctique, évoquant une potentielle “grosse transaction immobilière” qui serait “stratégiquement intéressante”.
Les écluses de Miraflores du canal de Panama à Panama City le 23 décembre 2024 ( AFP / ARNULFO FRANCO )
Plus tôt dans le week-end, le milliardaire avait menacé de reprendre le contrôle du canal du Panama et s’en était pris aux droits de passage, “ridicules” selon lui, auxquels sont astreints les navires américains.
Il a également pointé l’influence grandissante de la Chine sur le canal.
Le président du Panama, José Raul Mulino, a exigé du “respect” envers son pays et assuré que “chaque mètre carré du canal de Panama et de ses zones adjacentes appartient au Panama et continuera à lui appartenir”. “On verra bien”, a répondu Donald Trump.
Le contrôle du canal de Panama, ouvrage achevé par les Etats-Unis en 1914, a été entièrement rendu au pays d’Amérique centrale en 1999, en vertu d’un accord signé par le président américain Jimmy Carter en 1977.
La semaine dernière, l’ancien promoteur immobilier avait répété que ce serait une “excellente idée” de faire du Canada le 51e Etat américain, après avoir menacé ce pays voisin d’augmenter les droits de douane de 25%.
– “Blague?” –
“Est-ce une blague, est-ce sérieux? Imaginez que vous soyez le président du Panama, comment réagissez-vous à une telle situation? Vous ne pouvez pas l’ignorer et votre pays ne vous laissera pas le faire. De tels commentaires ont une grande répercussion”, affirme Frank Sesno.
La rhétorique de Donald Trump pourrait toutefois faire partie d’une stratégie plus large.
“Ses déclarations sur le Groenland sont peut-être destinées à la Chine”, songe Stephanie Pezard, chercheuse en sciences politiques à l’institut Rand Corporation.
Tout comme M. Trump s’est inquiété de l’influence de Pékin au Panama, la présence croissante de la Chine dans l’Arctique et ses liens avec la Russie sont “quelque chose qui préoccupe vraiment les Etats-Unis”, relève Mme Pezard.
Mais il pourrait également s’agir d’un signal adressé au Danemark: “Si vous êtes trop amical avec la Chine, vous nous trouverez sur votre chemin”, même si le Danemark et le Groenland ont été “de très bons alliés au sein de l’OTAN”, poursuit la chercheuse.
Car “Acheter” le Groenland est un projet irréalisable, “non seulement en matière de droit international, mais plus largement dans l’ordre mondial que les États-Unis essaient de maintenir”, estime Stephanie Pezard.
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