Syrie
La Syrie, dont le président Bachar-al-Assad a été chassé par une offensive fulgurante de rebelles islamistes, a été gouvernée d’une main de fer pendant plus de 50 ans par la dynastie des Assad, père et fils. Retour sur plus d’un demi-siècle de pouvoir familial.
Bachar al-Assad, à Moscou, en 2006 ( AFP / YURI KADOBNOV )
Hafez au pouvoir
Le 16 novembre 1970, le général Hafez al-Assad, ministre de la Défense, prend le pouvoir à la faveur d’un coup d’Etat, sans effusion de sang.
Le 12 mars 1971, il se fait élire par référendum, devenant le premier président syrien de la minorité musulmane alaouite (10% de la population), alors que la majorité est sunnite.
Guerre contre Israël
Le 6 octobre 1973, l’Egypte et la Syrie déclenchent une offensive contre Israël, à l’ouest le long du canal de Suez et à l’est sur le plateau du Golan, pour l’obliger à restituer les territoires conquis lors de la guerre de juin 1967.
Après des revers, l’armée israélienne reprend le dessus au prix de lourdes pertes.
Un accord sur le désengagement dans le Golan est signé en 1974.
Intervention au Liban
En juin 1974, le président américain Richard Nixon annonce à Damas le rétablissement des relations diplomatiques, rompues depuis 1967.
Deux ans plus tard, les troupes syriennes entrent au Liban, avec le feu vert américain, initialement pour secourir les milices chrétiennes face aux forces soutenues par les combattants palestiniens. Avant de se heurter, à partir de mai 1977, à ces formations chrétiennes, qui contestent leur présence.
La Syrie va exercer 30 ans de domination militaire et politique sur le Liban, d’où elle retirera ses troupes en 2005, sous la pression internationale, après l’assassinat du dirigeant libanais Rafic Hariri.
Répression
En 1979, les autorités syriennes sévissent contre les Frères musulmans, mouvement islamiste sunnite accusé d’avoir commis un attentat contre l’Académie militaire d’Alep (nord).
En février 1982, l’armée réprime à Hama (centre) une insurrection d’islamistes. Les émeutes et les opérations militaires menées pendant environ un mois par un corps d’élite dirigé par le frère de Hafez al-Assad, Rifaat, font entre 10.000 et 40.000 morts, selon les sources.
Rapprochement avec l’Occident
En 1990-1991, la Syrie resserre les liens avec les Etats-Unis, après l’effondrement de l’URSS.
Damas se rallie aux forces de la coalition dirigée par Washington contre l’Irak de Saddam Hussein, rival traditionnel de M. Assad, après son invasion du Koweït.
Bachar au pouvoir
Le 10 juin 2000, à la suite de la mort de Hafez al-Assad, le Parlement modifie la Constitution pour abaisser l’âge minimum requis pour la magistrature suprême, un amendement taillé sur mesure pour son fils Bachar al-Assad, né en 1965.
Le 17 juillet 2000, Bachar al-Assad prête serment devant le Parlement. Candidat unique, il a été désigné président à l’issue d’un plébiscite (97%).
“Printemps de Damas”
Fin septembre 2000, une centaine d’intellectuels et d’artistes appellent les autorités à “amnistier” les prisonniers politiques et à lever l’état d’urgence en vigueur depuis 1963.
Une ouverture est amorcée avec une période de relative liberté d’expression. L’arrestation d’opposants en 2001 met un terme à ce bref “Printemps de Damas”.
Guerre civile
Le 15 mars 2011, une révolte populaire éclate en Syrie, dans le sillage du Printemps arabe. Elle est brutalement réprimée par les autorités, avant de se transformer en guerre civile.
Le conflit va se complexifier avec l’implication de puissances régionales et internationales ainsi que des milices étrangères et des groupes jihadistes.
Soutenu militairement par Moscou et Téhéran, les autorités reconquièrent près des deux tiers du pays.
La guerre fait un-demi million de morts et déplace des millions de personnes.
Retour dans le giron arabe
Le 7 mai 2023, la Syrie réintègre la Ligue arabe dont elle avait été écartée en 2011 après la répression du soulèvement populaire.
Fuite de Bachar al-Assad
Dans la nuit du 7 au 8 décembre 2024, au terme de onze jours d’une offensive éclair, les rebelles conduits par le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS) entrent dans Damas. Bachar al-Assad a le temps de fuir le pays avec sa famille, pour se réfugier à Moscou selon les agences de presse russes.