Gaza-Accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, entrée en vigueur dimanche

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Les photos des otages enlevés lors de l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023 par le Hamas, accrochées à un arbre sur la place dite "des Otages" à Tel-Aviv

Les photos des otages enlevés lors de l’attaque meurtrière du 7 octobre 2023 par le Hamas, accrochées à un arbre sur la place dite “des Otages” à Tel-Aviv

par Andrew Mills, Nidal al-Mughrabi et Maayan Lubell

DOHA/LE CAIRE/JERUSALEM (Reuters) -Les négociateurs réunis au Qatar ont scellé mercredi un accord destiné à mettre fin par étapes à la guerre entre Israël et le Hamas qui fait rage depuis quinze mois dans la bande de Gaza, où des dizaines de milliers de Palestiniens ont été tués, et qui a enflammé le Proche-Orient.

Rapporté dans un premier temps à Reuters par un responsable au fait des pourparlers, l’accord de cessez-le-feu a été confirmé ensuite par le Qatar, qui a chapeauté les négociations aux côtés de l’Egypte et des Etats-Unis, puis par le président américain sortant Joe Biden.

Complexe, composé de plusieurs phases, l’accord prévoit dans un premier temps un cessez-le-feu de six semaines, le retrait progressif des troupes israéliennes de la bande de Gaza, la libération d’otages enlevés par le Hamas lors de l’attaque du 7 octobre 2023 et la libération de détenus palestiniens emprisonnés par Israël.

A Doha, où se sont tenus de multiples cycles de discussions au fil des mois, le Premier ministre qatari Mohammed ben Abdulrahman ben Jassim Al Thani a confirmé que les négociateurs étaient parvenus à un accord. Celui-ci, a-t-il précisé, entrera en vigueur le 19 janvier.

Les travaux des négociateurs auprès d’Israël et du Hamas se poursuivent pour la mise en oeuvre de l’accord, a ajouté le dirigeant qatari, également ministre des Affaires étrangères, lors d’une conférence de presse.

Quelques instants plus tard, à Washington, Joe Biden a salué la conclusion d’un accord “qui va stopper les affrontements à Gaza, accroître la très nécessaire aide humanitaire pour les civils palestiniens et permettre de réunir les otages avec leurs familles après plus de quinze mois de captivité”.

Joe Biden, dont le mandat à la Maison blanche touche à sa fin, a également mis en avant qu’il s’agissait du projet d’accord qu’il avait soumis aux négociateurs en mai dernier et dont il avait ensuite dévoilé publiquement les grandes lignes.

Il a souligné qu’il appartenait désormais à l’administration du président-élu Donald Trump de garantir la mise en oeuvre de l’accord. Les deux administrations ont travaillé côte à côte sur ce dossier ces derniers jours, a-t-il ajouté.

RÉUNION JEUDI DU CABINET DE SÉCURITÉ ISRAÉLIEN

Plus tôt dans la journée, le Hamas, principal groupe armé dans la bande de Gaza, a fait savoir que sa délégation envoyée au Qatar avait donné son feu vert à un accord de trêve et de libération des otages. Un représentant du Hamas a ensuite déclaré que le groupe a obtenu des “gains importants”.

Il est attendu que le cabinet de sécurité et le gouvernement israéliens se réunissent jeudi pour se prononcer sur l’accord, selon une annonce d’un représentant du gouvernement de Benjamin Netanyahu.

Les services du Premier ministre israélien ont déclaré que le Hamas avait retiré une requête de dernière minute, tout en ajoutant que plusieurs questions restaient encore à régler. “Nous espérons que ces détails seront bouclés ce soir”, ont-ils dit dans un communiqué.

Dans la bande de Gaza, où les 2,3 millions d’habitants ont pour la plupart été déplacés par les combats et manquent cruellement de nourriture, d’eau et d’énergie, l’annonce d’un accord de cessez-le-feu a donné lieu à des scènes de joie.

“Je pleure, mais ce sont des larmes de joie. Je suis contente”, a déclaré Ghada, mère de cinq enfants.

A Tel Aviv, la nouvelle a également été accueillie de manière joyeuse. Le groupe représentant les familles des otages israéliens détenus à Gaza a exprimé dans un communiqué leur “joie et soulagement immenses” à l’égard de cet accord qui va permettre “de ramener nos être chers à la maison”.

Il s’agit de la conclusion de nombreux mois de négociations tortueuses, interrompues et relancées à plusieurs reprises sous l’impulsion de médiateurs de Doha et du Caire avec l’appui de Washington.

Cet accord intervient à quelques jours de l’investiture de Donald Trump pour un second mandat à la Maison blanche. Le président-élu américain, qui n’avait eu de cesse de réclamer un cessez-le-feu et la libération des otages sous peine de faire “payer un enfer” à tout le Proche-Orient, a dit vouloir profiter de la dynamique engendrée par l’accord pour aller plus loin dans la normalisation des relations d’Israël avec les pays arabes.

ÉTAPES

S’il est effectivement respecté, l’accord de cessez-le-feu permettra de stopper le bain de sang dans la bande de Gaza, où le bilan n’a cessé de s’alourdir quotidiennement. En dépit des pourparlers, l’armée israélienne et le Shin Bet (agence israélienne de sécurité intérieure) ont annoncé dans la journée avoir attaqué une cinquantaine de cibles dans le territoire palestinien au cours des dernières vingt-quatre heures.

Tsahal a lancé une vaste offensive dans l’enclave palestinienne en réponse aux raids menés le 7 octobre 2023 par le Hamas dans le sud d’Israël, au cours desquels 1.200 Israéliens ont été tués et 250 otages israéliens ou étrangers ont été capturés, d’après les données israéliennes.

Plus de 46.000 Palestiniens ont été tués depuis lors dans la bande de Gaza dans le cadre du siège total décrété par Israël, selon les données des autorités locales.

Un responsable au fait des négociations a déclaré mercredi à Reuters que l’accord prévoit que le Hamas commencera par libérer 33 otages dont toutes les femmes, civiles ou militaires, les enfants et les hommes âgés de plus de 50 ans. Ces otages seront libérés chaque semaine par groupe de trois au moins.

Plusieurs dizaines d’otages israéliens ont été libérés en novembre 2023 à la faveur d’une trêve d’une semaine. Selon Israël, il reste 98 otages aux mains du Hamas, dont la moitié seraient vivants.

L’accord prévoit qu’Israël s’engage pour sa part à libérer d’ici la fin de la première phase toutes les femmes et tous les Palestiniens de moins de 19 ans arrêtés depuis le 7-Octobre.

Le nombre total de détenus palestiniens qui seront libérés dépendra du nombre d’otages relâchés, poursuit-on de même source, et pourrait se situer entre 990 et 1.650.

(Reportage Andrew Mills à Doha, Nidal Al Mughrabi au Cairo, Maayan Lubell à Jérusalem, Clauda Tanios et Nayera Abdallah à Dubai, avec la contribution de James Mackenzie et Emily Rose à Jérusalem, Doina Chiacu et Susan Heavey à Washington, Jana Choukeir à Dubai, Ramadan Abed à Gaza; version française Jean-Stéphane Brosse et Jean Terzian)

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