Guatemala
Des policiers guatémaltèques protègent un minibus transportant des enfants exfiltrés d’une propriété d’une secte juive ultra-orthodoxe, le 22 décembre 2024 ( AFP / Johan ORDÓÑEZ )
Plusieurs enfants, enlevés par des membres de la secte juive ultra-orthodoxe Lev Tahor là où ils étaient placés par les services sociaux du Guatemala, ont été récupérés et placés sous mesure de protection judiciaire lundi, a indiqué le parquet.
Ils font partie d’un groupe de 160 enfants et adolescents secourus vendredi après une descente de police dans la ferme de cette secte à Oratorio, à environ 60 km au sud-est de la capitale, dans le cadre d’une enquête sur des soupçons de grossesses forcées, viols et autres abus.
Dimanche, une centaine de membres du groupe Lev Tahor (“Coeur pur” en hébreu) avaient tenté de reprendre de force les enfants placés, se massant devant le centre de la capitale Guatemala où ils étaient hébergés pour exiger leur retour.
Dans l’après-midi, certains ont même “fait irruption” à l’intérieur en “forçant la porte”, et “enlevé” plusieurs enfants, a expliqué le Procureur général de la nation sur X.
Certains enfants se sont alors échappés “avec l’aide d’adultes”, selon le secrétariat aux Affaires sociales, et sont restés introuvables plusieurs heures. L'”alerte” spéciale pour la recherche de mineurs disparus a été activée par les autorités.
Au prix de heurts avec des membres adultes de la secte, la police et l’administration ont finalement récupéré tous les enfants le lendemain matin, a constaté un photographe de l’AFP. Ils se trouvaient dans une rue voisine en compagnie d’adeptes adultes de Lev Tahor.
Selon le procureur général chargé de la protection des mineurs, leur transfert vers un tribunal a été ordonné par un juge, afin de les placer sous mesure de protection de l’enfance.
“Tout a été fait dans le respect des droits de l’homme”, a assuré le bureau du procureur dans un communiqué, sans préciser le nombre d’enfants concernés. Ces derniers ont été ramenés au centre où ils se trouvaient depuis vendredi.
Lev Tahor est implantée au Guatemala depuis 2013. Fondée dans les années 1980, elle pratique une forme ultra-orthodoxe de judaïsme, selon laquelle les femmes doivent notamment porter des tuniques noires qui les recouvrent de la tête aux pieds.
Le groupe s’était installé à Oratorio en 2016 après plusieurs descentes de police contre ses locaux. A l’époque, les autorités avaient indiqué agir à la demande d’Israël, dont la police était à la recherche d’une mineure disparue.
En 2014, la secte avait été expulsée d’une localité maya en raison de conflits avec les habitants.
La perquisition de la propriété de Lev Tahor à Oratorio est motivée par des soupçons de traite d’êtres humains “sous forme de grossesses forcées, de maltraitance d’enfants et de viol”, selon le procureur Dimas Jiménez.
Les recherches ont permis de découvrir les ossements présumés d’un mineur, a indiqué le parquet.
En octobre, les autorités avaient déjà perquisitionné la ferme pour enquêter sur l’état de santé des mineurs, après une première tentative infructueuse en août.
La secte de son côté s’estime victime de “persécution religieuse”.
Des policiers guatémaltèques protègent un minibus transportant des enfants exfiltrés d’une propriété d’une secte juive ultra-orthodoxe, le 22 décembre 2024 ( AFP / Johan ORDÓÑEZ )
“Les autorités ont mené une enquête très importante ici au Guatemala”, a critiqué dimanche Uriel Goldman, un représentant des familles. Selon lui, Lev Tahor est la cible “de mensonges” et de “fausses dénonciations”.
“Il y a une pression extérieure (pour) détruire la communauté”, qui compte quelque 50 familles, principalement du Guatemala, des Etats-Unis et du Canada, a-t-il assuré.
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