mur du souvenir pour les victimes du Covid sillumine pour Noël
Des bénévoles accrochent une guirlande lumineuse sur un mur dédié aux victimes du Covid, le 20 décembre 2024 à Londes ( AFP / BENJAMIN CREMEL )
A l’occasion de Noël, des proches de victimes du Covid ont accroché des guirlandes lumineuses sur un mur recouvert de coeurs rouges dans le centre de Londres, un mémorial improvisé, symbole d'”amour” et de “colère”.
A l’approche du cinquième anniversaire de la pandémie, l’émotion reste vive.
Plus de 240.000 coeurs ont été peints à la main sur le mur long de 500 mètres qui se trouve au bord de la Tamise, avec une vue imprenable sur le Parlement de Westminster. Chacun représente une personne morte du Covid au Royaume-Uni. Des milliers de messages sont écrits: “Mamy, je t’aimerai toujours”, “Phil, toujours dans mon coeur”, “Tu nous manques chaque jour”.
A l’origine, ce mur du souvenir, qui s’étend sur 500 mètres, devait être temporaire. Il a été réalisé sans autorisation en mars 2021, afin de demander des comptes au gouvernement de Boris Johnson, alors Premier ministre, pour sa gestion chaotique de la pandémie.
Il est accusé notamment d’avoir tardé à réaliser la gravité de la pandémie, en confinant trop tard puis en levant le confinement trop rapidement.
Ce mur est “une effusion d’amour, de colère, de rage”, résume Lorelei King, dont le mari est mort du Covid fin mars 2020.
Cette femme de 71 ans fait partie du groupe “Les amis du mur”, une dizaine de bénévoles qui chaque vendredi viennent nettoyer le monument, repeindre les coeurs qui s’effacent avec la pluie, réécrire les messages.
“C’est assez méditatif”, dit-elle en repeignant délicatement un coeur qui disparaissait.
Le groupe continue de dessiner de nouveaux coeurs, quand le Covid emporte de nouvelles personnes.
Des bénévoles accrochent des guirlandes lumineuses sur un mur couvert de coeurs rouges en mémoire des victimes du Covid, le 20 décembre 2024 à Londres ( AFP / BENJAMIN CREMEL )
Quelques jours avant Noël, les bénévoles se sont retrouvés pour une autre mission, plus joyeuse: installer des guirlandes le long du mur. Ils les ont allumées lundi après-midi et elles vont rester en place jusqu’à début janvier.
– “Réconfort” –
“Nous installons des guirlandes chaque Noël pour nous recueillir et nous souvenir des personnes qui ne sont pas avec nous pendant la période de Noël”, explique Kirsten Hackman, 58 ans. Sa mère est morte en mai 2020 du Covid.
“Pour beaucoup d’entre nous, il y a une place vide autour de la table à Noël. (…) C’est un moment très difficile”, ajoute-t-elle.
Les passants s’arrêtent, intrigués, pour regarder ce mur atypique, questionnent le groupe qui s’active en riant.
Ce mur est une “séance de thérapie” collective, racontent des bénévoles.
Mais près de cinq ans après le début de la pandémie, la douleur reste la même, dit Lorelei King. Comme d’autres, elle explique ne pas avoir réussi à faire son deuil. “Nous n’avons pas pu avoir de vraies funérailles”, souligne-t-elle, en raison des règles du confinement en vigueur quand son mari est mort.
Alors elle met son énergie dans ce mur. “Cela me réconforte. (…) Et je ne veux pas que les personnes qui nous sont chères soient oubliées.”
“On se comprend. On est dans le même bateau”, dit Michelle Rumball, 53 ans, dont la mère est morte du Covid en avril 2020.
Elle était présente dès le premier jour, quand les premiers coeurs ont été peints, après un appel sur les réseaux sociaux du groupe de militants politiques Led By Donkeys.
Pendant dix jours, des centaines de personnes ayant perdu des proches se sont présentées au mur, même si elles risquaient d’être arrêtées pour dégradation d’un mur classé.
“J’étais très en colère. C’était une manière de manifester”, se souvient Michelle Rumball.
Le mur dépend de donations. Le groupe veut le rendre “permanent” et reconnu officiellement. Il serait ainsi mieux protégé. Les amis du mur sont en discussion avec les autorités. Et quelques jours avant Noël, ils ont eu une réunion “très positive”, sourit Lorelei King, optimiste.
Selon l’OMS, le Covid a fait plus de 232.000 morts au Royaume-Uni. A titre de comparaison, il y en a eu en France environ 168.000. Dans le monde, plus de sept millions de décès dus à cette maladie ont été signalés à l’OMS, mais le véritable bilan de la pandémie semble bien plus élevé.
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