Politique économique chinoise : les enjeux d’une conférence cruciale

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Politique économique chinoise

Après avoir changé de ton sur sa politique monétaire, la Chine s’attache cette semaine à fixer ses priorités économiques pour 2025, lors d’une conférence cruciale scrutée par les marchés qui pourrait esquisser des mesures de relance renforcées. Voici les principaux enjeux de cette réunion économique annuelle, dont Pékin s’apprête à donner le coup d’envoi. L’évènement, organisé à huis clos, devrait débuter mercredi, selon l’agence Bloomberg.

Xi Jinping, à Belgrade, le 8 mai 2024 ( AFP / ELVIS BARUKCIC )

Xi Jinping, à Belgrade, le 8 mai 2024 ( AFP / ELVIS BARUKCIC )

Quels sont les défis de l’économie chinoise?

La deuxième économie mondiale fait face à une crise persistante du secteur immobilier qui entame la confiance des acteurs économiques, ce qui entrave les dépenses des ménages, plombe la consommation et les investissements, entretenant le spectre de la déflation.

Pékin a également les yeux rivés vers la reprise possible des tensions commerciales avec Washington, alors que le président américain élu, Donald Trump, a promis d’augmenter les droits de douane sur les importations chinoises dès son arrivée à la Maison-Blanche en janvier.

Le PIB de la Chine pourrait chuter de 1,5% au cours des “prochaines années” si Donald Trump impose les taxes douanières de 60% annoncées, selon les analystes de la banque ANZ.

Depuis le premier mandat de Donald Trump, la Chine a toutefois rééquilibré la structure de son commerce extérieur en réduisant la part des exportations vers les États-Unis, réduisant potentiellement l’impact d’un nouveau bras de fer.

Dans l’immédiat, Xi Jinping a indiqué mardi que son pays gardait “une confiance totale” dans sa capacité à atteindre son objectif de croissance de 5% pour 2024.

Qu’est ce qui pourrait changer?

La “Conférence centrale sur le travail économique”, à laquelle participera cette semaine le président chinois, vise à annoncer les priorités et les objectifs de croissance pour l’année à venir.

Elle fait suite à la réunion, lundi, des 24 membres du Bureau politique du Parti communiste chinois.

Dans la foulée, cet organe-clé de décision a promis “une politique budgétaire pro-active” et surtout “un assouplissement approprié de la politique monétaire” du pays: c’est la première fois que le Bureau politique emploie cette formule depuis 2011, selon les analystes.

Ce changement a brièvement provoqué mardi en début d’échanges asiatiques l’euphorie des marchés financiers, suspendus à tout signal de soutien économique renforcé de Pékin.

“Ce ton affirmé sur l’orientation politique suggère que Pékin est très déterminé à stabiliser la croissance et à augmenter les dépenses budgétaires l’an prochain”, a déclaré Ting Lu, économiste chez Nomura.

Quelles sont les mesures envisagées?

Les déclarations de lundi n’ont pas été précisées par les responsables politiques, mais les experts jugent qu’elles posent les jalons de mesures accrues de soutien.

Afin d’encourager les prêts bancaires, la Chine pourrait ainsi baisser encore davantage ses taux d’intérêt, “y compris au-delà des 0,4% que nous anticipons”, même s'”il est peu probable qu’elle réduise les taux aussi agressivement” que pendant la crise financière mondiale de 2008-2010, juge Julian Evans-Pritchard, du cabinet Capital Economics.

Le gouvernement pourrait par exemple soutenir des programmes d’achat d’actifs ou dévaluer la monnaie, estime Teeuwe Mevissen, économiste à Rabobank.

Outre la politique monétaire, il pourrait également avoir recours à des mesures budgétaires et creuser son déficit pour accorder des réductions d’impôts ou renforcer le système de protection sociale, ajoute l’expert.

Pékin a déjà adopté ces derniers mois une série de plans de relance, y compris une réduction des taux d’intérêts et une hausse du plafond d’endettement des gouvernements locaux.

Mais de nombreux économistes estiment qu’une relance budgétaire plus directe est nécessaire, via des aides financières aux ménages pour doper la consommation intérieure.

“Les mesures de relance monétaire ne seront efficaces que si Pékin parvient à renforcer la confiance des entreprises et des ménages”, note Shehzad Qazi, directeur général de China Beige Book.

Quelles annonces attendre cette semaine?

La conférence économique doit définir les objectifs économiques pour 2025, mais elle n’est pas ouverte au public: ni son calendrier exact ni son ordre du jour n’ont été annoncés.

L’agence de presse officielle Chine nouvelle a récemment donné des indices: la future politique monétaire continuera d'”améliorer le ciblage et l’efficacité du soutien à l’économie réelle”, afin de “créer un environnement monétaire et financier favorable à une croissance économique stable”.

La réunion pourrait annoncer “un programme d’emprunt important” ou encore “des dépenses concernant la sécurité sociale pour les ménages à faible revenu” et pour “encourager la natalité”, estime Lu Ting.

Néanmoins, “il est probable que cette conférence fasse des déçus, car peu de mesures concrètes devraient être annoncées”, avertit Teeuwe Mevissen.

“La Chine a besoin de réformes structurelles audacieuses pour soutenir le secteur privé en améliorant l’accès au crédit ou encore renforcer le filet de sécurité sociale afin de répondre aux besoins d’une population vieillissante”, conclut Shehzad Qazi.

Or, ce changement de paradigme “n’est pas encore complètement visible à l’horizon”.

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