informatique quantique
La nouvelle “puce quantique” du géant américain peut calculer en cinq minutes ce qui prendrait aux meilleurs superordinateurs plus de temps que l’histoire de l’univers. Elle solutionne un problème de 30 ans en matière de correction des erreurs, qui ouvre de nouvelles voies.
La puce “Willow”, présentée par Google, peut réduire les erreurs de manière exponentielle ( GOOGLE / HANDOUT )
Une révolution dans les grands nombres. Google a présenté lundi 10 décembre une nouvelle puce qui représente, selon le groupe, une avancée majeure susceptible de rapprocher l’informatique quantique pratique de la réalité.
Cette puce, “Willow”, accomplir en quelques minutes ce qu’il faudrait aux principaux supercalculateurs 10 “septillions” d’années pour réaliser, selon Hartmut Neven, fondateur de Google Quantum AI. Dans le système de grandeur américain, cette valeur correspond à “un 1 suivi de 25 zéros”, a-t-il indiqué.
(La terminologie des grands nombres diffère selon les langues. Aux Etats-Unis ou encore en Canada, le terme “septillion” correspondant à 10 puissance 24. En français, la même valeur se traduit par le terme “quadrillion”, ndlr)
L’équipe d’Hartmut Neven au sein de Google, composée d’environ 300 personnes, a pour mission de construire une informatique quantique capable de résoudre des problèmes autrement insolubles, comme l’énergie de fusion sûre et l’arrêt du changement climatique.
“Nous considérons Willow comme une étape importante dans notre démarche visant à construire un ordinateur quantique utile avec des applications pratiques dans des domaines tels que la découverte de médicaments, l’énergie de fusion, la conception de batteries et bien plus encore” , a déclaré Sundar Pichai, PDG de Google, sur le réseau social X.
Les “qubits”, “game-changer” quantique
Il faudra encore des années avant de mettre au point un ordinateur quantique capable de relever ces défis, mais Willow fait un pas important dans cette direction, selon Hartmut Neven et les membres de son équipe. Les États-Unis et la Chine investissent massivement dans la recherche quantique, et Washington a imposé des restrictions sur l’exportation de cette technologie sensible. Les investissements privés et publics dans ce domaine ont atteint environ 20 milliards de dollars dans le monde au cours des cinq dernières années, avait déclaré en octobre à l’AFP Olivier Ezratty, expert indépendant en technologies quantiques.
Les ordinateurs classiques fonctionnent de manière binaire: ils effectuent des tâches en utilisant de minuscules fragments de données appelés bits qui ne sont jamais exprimés que par 1 ou 0. Mais sur un ordinateur quantique, appelés qubits, ils peuvent être à la fois 1 et 0, ce qui leur permet d’analyser simultanément un nombre énorme de résultats potentiels. Ce travail a fait l’objet d’une étude des équipes de Google, publiée dans la revue Nature .
La puce de Google démonte ainsi sa capacité à réduire les erreurs de calcul de manière exponentielle à mesure de son évolution – un exploit qui échappe aux chercheurs depuis près de 30 ans . La correction d’erreurs est l'”étape ultime” pour l’informatique quantique et Google “progresse avec confiance” sur ce chemin, selon Julian Kelly, directeur du matériel quantique chez Google.