déficit budgétaire
François Villeroy de Galhau met en garde face à plusieurs indicateurs qui témoignent du “risque d’enfoncement progressif” de la France.
Francois Villeroy de Galhau, le 12 avril 2023, à Washington DC ( GETTY IMAGES NORTH AMERICA / KEVIN DIETSCH )
Sans budget 2025 et sans gouvernement, la France reste dans le brouillard quant à son déficit public, qui continue de déraper malgré les cris d’alarme. Dans ce contexte particulier, “la censure politique ne doit pas déboucher sur le déni budgétaire” , a jugé François Villeroy de Galhau, vendredi 13 décembre.
“Notre problème de finances publiques n’a en rien disparu depuis le 4 décembre, au contraire”, a rappelé le gouverneur de la Banque de France à l’antenne de BFM Business , avertissant face au “risque d’enfoncement progressif de la France”.
François Villeroy de Galhau met en avant plusieurs indicateurs, dont le spread (écart, ndlr) de taux d’emprunt en matière d’obligations vis-à-vis des voisins européens. “Début juin, la France était beaucoup plus près de l’Allemagne et moins de l’Italie. Aujourd’hui, c’est exactement le contraire. Nous avons été dépassés par le Portugal, l’Espagne et même la Grèce”, a t-il constaté. Début décembre, le désormais ex-Premier ministre Michel Barnier s’alarmait du spread franco-grec qui évolue en faveur de l’économie hélennique. Le niveau du spread franco-allemand s’élevait lui alors à 0,88 points de pourcentage, un record depuis 2012.
Les intérêts de la dette plus élevés que le budget de l’Education nationale
“La France qui était dans le peloton de tête européen se laisse glisser vers la queue du peloton. C’est un vrai changement de statut politique en Europe”, alerte ainsi le gouverneur de la Banque de France, qui pointe une autre dérive : “Nous sommes le seul pays de la zone euro où notre endettement rapporté au PIB continue d’augmenter. Partout ailleurs ça baisse”.
Graphiques comparant les évolutions du déficit et de la dette de la France à la moyenne des pays de l’UE et quelques voisins européens ( AFP / Sylvie HUSSON )
Conséquence concrète : “Les intérêts de la dette vont nous coûter plus cher que le budget de l’Education nationale, c’est à dire la dépense d’avenir par excellence. Il faut absolument changer le cours, redresser la trajectoire”. Pour y parvenir, le gouveneur pointe “deux repères” : “revenir à 3% de déficit en 2029, et pour le budget 2025, dégager une “marge significative, un progrès significatif dans la réduction du déficit” pour engager la trajectoire vers les 3%.