Espace
Après Copernicus et Galileo, cette troisième constellation européenne de satellites vise à garantir l’autonomie stratégique des pays de l’UE dans des domaines cruciaux tels que la défense ou la gestion des crises. Elle vise aussi à concurrencer le réseau déployé par l’entreprise d’Elon Musk, qui domine le nouveau marché de l’internet de l’espace.
(photo d’illustration) ( AFP / JODY AMIET )
Dans la course à l’internet de l’espace face à Elon Musk, l’Union européenne a officiellement lancé lundi 16 décembre son projet Iris² de constellation de satellites de communications sécurisées, en signant une concession de douze ans avec le consortium SpaceRISE.
Projet phare de l’UE dans le spatial après les programmes Galileo (positionnement par satellite) et Copernicus (surveillance du climat), Iris² prévoit un réseau de 290 satellites multi-orbitaux, offrant des services de connexion d’ici 2030.
Cette constellation européenne de satellites permettrait des communications sécurisées dans des domaines clés comme la défense, le réseau diplomatique européen, la gestion des crises et la surveillance, mais aussi un accès commercial à internet, alors que la guerre de l’internet spatial fait rage.
L’Europe tente de se positionner face à l’américain Space X d’Elon Musk, qui a pris une longueur d’avance avec Starlink, devenu l’un des principaux fournisseurs mondiaux d’internet par satellite. Le marché de la connectivité spatiale à haut débit, notamment utile pour desservir les régions isolées dépourvues de fibre optique, est devenu ultra-concurrentiel.
Un centre de contrôle à Toulouse
Début 2024, Starlink affirmait avoir déjà mis en orbite plus de 6.000 satellites et revendiquait 2,6 millions de clients, avec comme objectif de déployer près de 30.000 satellites au total. L’Union européenne a attribué la gestion d’Iris² au consortium SpaceRISE, mené par le Français Eutelsat, l’Espagnol Hispasat et le Luxembourgeois SES, pour une concession de 12 ans, dans un partenariat public-privé. Parmi les autres partenaires figurent Thales, OHB, Airbus Defence and Space, Telespazio, Deutsche Telekom, Orange et Hisdesat.
Le budget d’Iris² est estimé à 10,6 milliards d’euros sur douze ans: 6 milliards de l’Union européenne, 4,1 milliards d’investissements privés et 0,55 milliard provenant de l’Agence spatiale européenne (ESA). Des centres de contrôles d’Iris² seront installés dans trois pays européens: au Luxembourg, à Toulouse dans le sud-ouest de la France et à Fucino au centre de l’Italie.
Discussions commerciales à travers le monde
“Cette constellation de pointe protégera nos infrastructures critiques, connectera nos zones les plus reculées et accroîtra l’autonomie stratégique de l’Europe”, a assuré Henna Virkkunen, la vice-présidente de la Commission européenne en charge de la souveraineté technologique. Sur les perspectives commerciales d’Iris², l’Union européenne évoque des discussions avec le Royaume-Uni, la Norvège, l’Australie, des pays asiatiques comme le Japon et la Corée du Sud et des pays africains.