Moselle: l’usine Ineos Polymers victime collatérale de la grève de Vencorex

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Sophie Binet et des employés de Vencorex à Pont-de-Claix, le 7 novembre 2024. ( AFP / JEFF PACHOUD )

Sophie Binet et des employés de Vencorex à Pont-de-Claix, le 7 novembre 2024. ( AFP / JEFF PACHOUD )

La survie de l’usine Ineos Polymers de Sarralbe (Moselle) est menacée par l’action des grévistes du groupe Vencorex, en Isère, qui ont coupé la vanne de l’oléoduc l’alimentant en éthylène, une situation sur laquelle alertent direction et syndicats mercredi.

Ineos Polymers n’est plus alimentée en éthylène depuis le 23 octobre, ce qui contraint le directeur du site, Fabrice Padellini, à mettre ses 250 salariés en chômage technique à partir du mois de janvier, eux qui ont déjà été poussés à écluser congés et RTT.

La production de polyéthylène, d’abord maintenue en partie grâce à des réserves souterraines, est à l’arrêt depuis le 13 novembre. Le manque à gagner s’élève déjà à quatre millions d’euros d’après la direction.

L’éthylène est un produit hautement inflammable qui ne peut être acheminé par voie ferroviaire. “Aujourd’hui, on parle de défendre l’industrie en France et en Europe mais on est en train de détruire des sites de production”, s’indigne auprès de l’AFP Fabrice Padellini, amer d’être l’otage d’un conflit social se déroulant à 600 kilomètres de la Moselle-est.

Ineos a assigné Vencorex pour qu’elle ne l’empêche plus de fonctionner.

Le groupe chimique Vencorex est en redressement judiciaire. Une grande partie de ses 550 salariés sont en grève depuis le 23 octobre et bloquent le site de production de Pont-de-Claix, près de Grenoble, pour réclamer sa sauvegarde. Le propriétaire actuel, un groupe thaïlandais, a jusqu’au 10 mars pour trouver un repreneur.

“En gardant cette vanne fermée, ils risquent de mettre 350 autres personnes sur la paille”, déplore Eric Hoffmann, délégué CFDT chez Ineos Polymers, qui englobe dans son calcul la centaine de sous-traitants.

“Leur situation est dramatique mais en défendant leur cause, ils créent une autre situation dramatique”. Si elle perdure jusqu’au 10 mars “je ne donne pas cher de notre peau”.

David Peil, de la CGT, s’inquiète lui de voir les clients quitter définitivement Ineos Polymers. Le syndicaliste rappelle son soutien aux grévistes de Vencorex mais relate un climat anxiogène au sein de l’usine mosellane.

D’abord solidaires, les salariés “commencent à paniquer et à s’interroger sur leur avenir”. “Personne ne veut perdre son travail, nous comprenons le mouvement social en cours chez Vencorex mais nous ne voulons pas être des dommages collatéraux”.

Les salariés d’Ineos Polymers installeront jeudi matin un barrage filtrant aux abords du site mosellan, à l’appel de l’intersyndicale CGT, CFDT et CGC.

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