Fonderie de Bretagne
Le groupe est accusé d’avoir fait capoter un projet de reprise, menaçant 350 emplois à Caudan (Morbihan).
Sophie Binet, à Vannes, le 8 novembre 2024 ( AFP / JEAN-FRANCOIS MONIER )
“Renault se comporte comme un patron voyou”, a estimé vendredi 20 décembre la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, après l’échec des négociations en vue de la reprise de Fonderie de Bretagne (FDB) par le fonds Private Assets.
“Renault se comporte comme un patron voyou en laissant fermer des entreprises industrielles très solides, sachant que ça fait quatre ans qu’on travaille sur la diversification et qu’il y avait tout un réseau d’entreprises qui elles, contrairement à Renault, s’étaient engagées”, a déclaré à l’AFP la numéro 1 de la CGT.
La Fonderie de Bretagne, qui emploie 350 personnes à Caudan (Morbihan) dans la fabrication de pièces en fonte pour l’automobile, a annoncé vendredi l’échec des négociations en vue de sa reprise par le fonds Private Assets.
Jusqu’ici principal client de l’usine avec 95% du chiffre d’affaires, Renault a, selon FDB, refusé de valider les termes du projet d’accord et de donner de la visibilité sur les volumes commandés sur les trois prochaines années.
Sophie Binet a fait part de son “indignation”, évoquant une “honte totale” : “Ça montre que Renault n’est plus un constructeur français”, a-t-elle estimé, fustigeant un constructeur “qui ne veut pas s’engager sur le carnet de commandes jusqu’en 2028”, parce qu’il “va faire sa production ailleurs, en Espagne et en Roumanie”.
“Tous les voyants étaient au vert. (…) Là, le point qui bloque, c’est Renault”, a-t-elle poursuivi, lui reprochant de “continuer à laminer le réseau de sous-traitants de l’automobile et à laminer le tissu industriel”.
Binet en appelle à Macron
Rappelant que l’Etat est actionnaire de Renault et que ce dernier a bénéficé pendant la pandémie de plusieurs milliards d’euros de prêt garanti par l’Etat, elle a appelé à une intervention au plus haut niveau de l’exécutif: “l’Etat doit monter le ton sur Renault. Je sais que le ministre l’a déjà fait, mais maintenant c’est le président de la République qui doit le faire”, compte tenu de l’autorité “assez limitée” du gouvernement démissionnaire.
“Donc, il faut que ce soit le président de la République qui intervienne sur Renault pour leur demander si c’est encore un groupe français ou pas”, a-t-elle ajouté. “Cinq jours avant Noël, c’est 350 salariés qui sont à la rue”, a déploré Mme Binet, accusant Renault de “fonctionnement très cynique”, compte tenu du calendrier de l’annonce “juste avant la trêve des confiseurs, alors que l’actualité est centrée sur Mayotte et la composition du nouveau gouvernement”.