Manuel Valls
L’ancien Premier ministre Manuel Valls arrive à l’Elysée, le 7 mai 2022 à Paris ( AFP / Ludovic MARIN )
Quasi-absent de la vie politique française depuis six ans, Manuel Valls effectue un retour surprise, après l’échec de son implantation en Espagne, au ministère des Outre-mer où l’ex-Premier ministre va devoir gérer les crises touchant Mayotte, les Antilles ou la Nouvelle-Calédonie.
Confronté aux attentats de 2015 en tant que Premier ministre, M. Valls, qui aura le titre de ministre d’Etat, va être confronté aux conséquences dévastatrices de l’ouragan Chido à Mayotte, les suites des graves émeutes qui ont éclaté en mai en Nouvelle-Calédonie et la question de la vie chère dans les départements antillais.
M. Valls, honni par une partie de la gauche pour ses prises de position jugées trop droitières, revient ainsi de plain-pied dans la vie politique nationale.
Après avoir été ministre de l’Intérieur, de 2012 à 2014, puis Premier ministre de 2014 à 2016, sous François Hollande, le Catalan de 62 ans n’avait pas passé l’étape de la primaire PS en vue de l’élection présidentielle de 2017.
Plutôt que de parrainer le vainqueur Benoît Hamon, l’ancien poids lourd du parti socialiste avait décidé d’apporter son soutien à Emmanuel Macron, ce qui lui avait aliéné une grande partie de ses soutiens et lui avait valu des accusations de traîtrise.
Autre trahison selon ses opposants, celle des électeurs de l’Essonne, en Ile-de-France, qui l’ont élu d’un cheveu député en juin 2017, pour le voir finalement quitter l’Assemblée nationale en 2018 pour tenter de conquérir en vain la mairie de Barcelone.
Né dans la capitale catalane le 13 août 1962, ce fan du Barça a grandi à Paris et a été naturalisé français à vingt ans, perdant sa nationalité espagnole.
Manuel Valls, candidat de la majorité présidentielle pour la 5ème circonscription des Français de l’étranger, dans une rue de Madrid, le 12 mai 2022 en Espagne ( AFP / OSCAR DEL POZO )
Après trois ans au poste de conseiller municipal de Barcelone, il quitte ses fonction une nouvelle fois et envoie des signaux d’un éventuel retour en politique en France, ce qui lui a valu une chanson parodique par une chaîne de télévision catalane.
En 2022, il concrétise cette tentative de retour, en briguant un mandat de député de la cinquième circonscription des Français de l’étranger.
Et non dans l’Essonne, où il avait pourtant été élu à quatre reprises, car cela “n’avait pas de sens. J’avais passé la main”, déclarait-il pour se justifier.
Le sort des urnes ne lui a pas été plus favorable : Manuel Valls a été éliminé dès le premier tour, mais n’a pas manqué d’appeler à faire barrage au deuxième tour contre le candidat de l’alliance de gauche, la Nupes.
– Sécurité et laïcité –
Il s’est lancé tout jeune en politique auprès du socialiste Michel Rocard. Son expérience aux côtés de l’ancien Premier ministre (1988-1990), considéré comme un des pacificateurs de la Nouvelle-Calédonie avec les accords de Matignon de 1988 pourrait lui être utile pour déminer la situation sur le “Caillou”.
Manuel Valls, alors Premier ministre et ancien maire d’Evry, le 15 février 2016 à Corbeil-Essonnes, dans l’Essonne ( AFP / MIGUEL MEDINA )
L’ancien maire d’Evry (2001-2012) a ensuite fait de “la sécurité, la laïcité, le vivre-ensemble” ses thèmes de prédilection.
En 2007, il voulait changer le nom du Parti socialiste. Au sein du gouvernement sous Hollande, il fustige la “gauche passéiste”, lance un “j’aime l’entreprise” devant le patronat ou approuve l’interdiction du “burkini” par des maires de droite.
Défenseur de la déchéance de nationalité et de la loi Travail, très contestée dans la rue, théoricien des “gauches irréconciliables” et d’un rapprochement des “progressistes” de gauche et de droite, Manuel Valls laisse un souvenir amer au Parti socialiste.
Fils du peintre catalan Xavier Valls et d’une mère suisse italienne, Manuel Valls confiait en 2015 au Parisien avoir jusqu’à 16 ans vécu “pleinement cette triple culture espagnole -et catalane-, italienne et française”, parlant catalan chez ses parents. Il avait aussi fait de son “amour de la France” et de son patriotisme une marque de fabrique.
En 2022, il ne parle plus que de “double culture” franco-espagnole et lance “tout le monde sait que j’habite entre Barcelone, Minorque et Paris”, pour expliquer sa candidature de député représentant les Français de l’Espagne, le Portugal, Monaco et Andorre.
Père de quatre enfants, nés d’un premier mariage, il s’est remarié avec Susana Gallardo, riche héritière d’une société pharmaceutique catalane.
Copyright © 2024 AFP. Tous droits de reproduction et de représentation réservés. Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (dépêches, photos, logos) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l’AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, transmise, rediffusée, traduite, vendue, exploitée commercialement ou utilisée de quelque manière que ce soit sans l’accord préalable écrit de l’AFP. l’AFP ne pourra être tenue pour responsable des délais, erreurs, omissions, qui ne peuvent être exclus ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations.