Thaïlande: les survivants du tsunami et la mer

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Pirun Kla-Talay, qui a perdu ses parents dans le tsunami de 2004, debout sur une jetée dans le district de Bang Wa, dans la province de Phang Nga, le 19 novembre 2024 en Thaïlande ( AFP / Manan VATSYAYANA )

Pirun Kla-Talay, qui a perdu ses parents dans le tsunami de 2004, debout sur une jetée dans le district de Bang Wa, dans la province de Phang Nga, le 19 novembre 2024 en Thaïlande ( AFP / Manan VATSYAYANA )

Pirun Kla-Talay gagne sa vie comme pêcheur dans les eaux de la mer d’Andaman, les mêmes qui ont emporté ses parents lorsqu’il avait huit ans, en 2004, dans le tsunami qui a ravagé les côtes du sud-ouest de la Thaïlande.

“La mer me rend à la fois triste et heureux”, explique-t-il. “Elle me rappelle la perte d’êtres chers, mais elle a aussi façonné ce que je suis devenu aujourd’hui.”

Il part au large tous les matins, et vend la prise du jour dans un marché local de la province de Phang Nga, le long de la côte ouest, où il a toujours habité.

Le 26 décembre 2004, un séisme de magnitude 9,1, au fond de l’océan Indien, déclenche un tsunami gigantesque qui fait environ 230.000 morts dans une dizaine de pays d’Asie du Sud et du Sud-Est.

De nombreuses communautés vivant au bord de l’eau sont dévastées. Entre 1.000 et 2.000 enfants ont perdu au moins un parent lors du tsunami, selon l’Unicef.

Pirun était en train d’observer les oiseaux quand un bruit énorme a perturbé sa tranquillité.

Pirun Kla-Talay, qui a perdu ses parents lors du tsunami de 2004, ramasse des crabes dans le district de Bang Wa, dans la province de Phang Nga, le 19 novembre 2024 en Thaïlande ( AFP / Manan VATSYAYANA )

Pirun Kla-Talay, qui a perdu ses parents lors du tsunami de 2004, ramasse des crabes dans le district de Bang Wa, dans la province de Phang Nga, le 19 novembre 2024 en Thaïlande ( AFP / Manan VATSYAYANA )

“Je connaissais le son des vagues. Ce bruit n’était pas normal”, se rappelle-t-il.

Il a alors couru prévenir des voisins, puis s’est mis à l’abri sur un terrain en hauteur, d’où il a vu l’immense mur d’eau tout détruire sur son passage.

“Je pensais que je n’allais pas survivre”, lâche-t-il.

Ses parents ont été tués dans leur maison située sur une petite île près de la côte, Phra Thong.

Après le drame, Pirun a perdu son enthousiasme pour les activités en mer. Le bruit des vagues le réveillait lors de nuits d’insomnie.

– Entraide –

Elevé par sa tante, il a reconstruit sa vie sur le continent, juste en face de l’île de Phra Thong.

Pirun Kla-Talay et son épouse Janjira Khampradit assis dans leur maison sous les portraits des parents de Pirun, morts dans le tsunami de 2004, le 19 novembre 2024 dans la province de Phang Nga, le 19 novembre 2024 en Thaïlande ( AFP / Manan VATSYAYANA )

Pirun Kla-Talay et son épouse Janjira Khampradit assis dans leur maison sous les portraits des parents de Pirun, morts dans le tsunami de 2004, le 19 novembre 2024 dans la province de Phang Nga, le 19 novembre 2024 en Thaïlande ( AFP / Manan VATSYAYANA )

Son histoire a inspiré son épouse Janjira Khampradit. “L’avoir rencontré m’a appris à vivre chaque jour comme si tout pouvait arriver, et à profiter pleinement de la vie”, a-t-elle affirmé.

Un peu plus au sud, Watana Sittirachot a perdu un oncle, dont le corps n’a jamais été retrouvé, qui s’occupait de lui depuis le divorce de ses parents.

“C’était un cuisinier doué”, se remémore-t-il. “A chaque fois que je mange du poisson, je pense toujours à lui. Il préparait les meilleurs plats.”

Wattana Sittirachot, qui a perdu son oncle lors du tsunami de 2004, passe le long du mur du parc commémoratif du tsunami de Ban Nam Khem, le 20 novembre 2024 dans la province de Phang Nga, en Thaïlande ( AFP / Manan VATSYAYANA )

Wattana Sittirachot, qui a perdu son oncle lors du tsunami de 2004, passe le long du mur du parc commémoratif du tsunami de Ban Nam Khem, le 20 novembre 2024 dans la province de Phang Nga, en Thaïlande ( AFP / Manan VATSYAYANA )

Le jeune Watana, alors âgé de 12 ans, jouait à un jeu vidéo sur ordinateur dans un internet café de Ban Nam Khem, quand il a vu au loin l’énorme vague s’approcher.

“Tout à coup, les gens se sont mis à courir et à crier”, décrit-il. Il avait lui trouvé abri dans le refuge du village.

Un enseignant l’a invité à rejoindre une association pour combattre la dépression qui l’avait englouti après la catastrophe.

Il est devenu en 2006 l’un des premiers habitants de la Fondation Baan Than Nam Chai, créée par deux travailleurs sociaux thaïlandais, qui hébergeait des orphelins du tsunami.

Wattana Sittirachot, qui a perdu son oncle lors du tsunami de 2004, montre des vieilles photos à la fondation Baan Than Nam Chai, le 20 novembre 2024 dans la province de Phang Nga, en Thaïlande ( AFP / Manan VATSYAYANA )

Wattana Sittirachot, qui a perdu son oncle lors du tsunami de 2004, montre des vieilles photos à la fondation Baan Than Nam Chai, le 20 novembre 2024 dans la province de Phang Nga, en Thaïlande ( AFP / Manan VATSYAYANA )

Il en est aujourd’hui le secrétaire général, l’association venant aujourd’hui en aide à plus de 90 enfants dont les parents ne peuvent pas prendre soin.

“Nous devons aller de l’avant”, assure-t-il. “Personne ne va rester avec vous pour toujours.”

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