Les rendements en zone euro échappent aux tensions sur les marchés

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bourse, europe (Crédits: Unsplash - Maryna Yazbeck)

bourse, europe (Crédits: Unsplash – Maryna Yazbeck)

La pression exercée sur les taux d’emprunts britanniques et américains semble épargner les taux européens, la zone euro souffrant de son ralentissement économique.

Les rendements à dix ans de la dette souveraine des Etats-Unis et du Royaume-Uni ont progressé de 100 points de base depuis septembre, les investisseurs s’inquiétant de la trajectoire budgétaire de part et d’autre de l’Atlantique.

A contrario, les taux d’emprunts allemands sur une maturité comparable n’ont progressé que de 50 pb, en dépit d’élections qui pourraient s’illustrer par une forte progression de l’extrême droite, car l’endettement du pays demeure faible.

“L’Allemagne est la seule des grandes économies mondiales à pouvoir se permettre d’émettre davantage de dette pour financer des dépenses publiques, si le pays décide de le faire”, constate Francesco Castelli, responsable de l’obligataire chez Banor.

Pour autant, les rendements de la France ou de l’Italie n’ont pas progressé aussi rapidement que les rendements américains ou britanniques, en dépit d’une situation budgétaire bien plus compliquée qu’en Allemagne.

Certes, Rome et Paris affichent leur détermination à limiter les dépenses publiques mais le ralentissement économique en zone euro contribue également à contenir la hausse des rendements.

La croissance atone du bloc devrait faire pression à la baisse sur l’inflation, ce qui, ajouté à la faiblesse de l’activité, encouragerait la Banque centrale européenne (BCE) à baisser ses taux directeurs rapidement sur les prochains mois.

A l’inverse, la Réserve fédérale américaine pourrait être contrainte de maintenir ses taux à un niveau élevé, la résistance de l’économie et les mesures protectionnistes prônées par Donald Trump pouvant contribuer à maintenir l’inflation à un niveau élevé.

La force de l’activité aux États-Unis pousse par ailleurs les économistes à revoir à la hausse leurs projections pour le taux neutre, le niveau auquel la politique monétaire n’encourage ni ne restreint l’activité économique.

Les marchés monétaires estiment donc que la Fed ne baisserait ses taux qu’à deux reprises cette année, au mieux, contre quatre baisses de taux pour la BCE.

“Aux États-Unis, les bonnes nouvelles économiques sont comprises comme suggérant que l’économie est plus résistante, non seulement cycliquement, mais structurellement, et que le taux neutre serait entre 3% et 4%”, explique Frederik Ducrozet, responsable de la recherche macroéconomique chez Pictet Wealth Management.

“En Europe, il y a peu d’espoir que la croissance soit forte”, ajoute l’économiste qui rappelle que, selon une enquête de la BCE, les projections du taux de la banque centrale à long terme atteignent 2%.

L’incertitude demeure toutefois, en particulier autour des mesures que prendra Donald Trump et de leur ampleur.

Les analystes de Société Générale estime par ailleurs que la divergence entre les politiques monétaires européennes et américaines sera limitée, car des rendements américains élevés soutiendraient le dollar et créeraient de l’inflation importée en Europe.

Frederik Ducrozet ajoute que des dépenses publiques plus importantes en Allemagne pourraient faire sortir le pays de la récession dans laquelle il est englué, ce qui mènerait à des anticipations de taux à long terme plus élevées –”signe de réussite” pour le cas allemand.

(Rédigé par Francesco Canepa, avec Balazs Koranyi ; version française Corentin Chappron, édité par Blandine Hénault)

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